La vraie bataille pour la Syrie, celle dont les médias ne vous parleront jamais


J’ai expliqué dans un article précédent que l’opération d’encerclement pour la conquête de Damas de Novembre 2012 au 5 Février 2013 exécutée par les rebelles, s’est terminée par une catastrophe majeure pour la soi-disant armée de libération de la Syrie. Cela a permis à l’armée nationale du président syrien Bachar al-Assad de prendre l’initiative et de déclencher l’offensive générale qui conduira irrémédiablement à la fin de la guerre civile.

(Voir: Syrie, un test pour la survie d’Israël )

Parallèlement à ces batailles terrestres, en Méditerranée avait lieu une guerre plus complexe entre les flottes russe et américaine avec des manœuvres stratégiques et de repositionnement extrêmement risquées, selon toutes les règles de l’art militaire moderne. Sans tirer un seul coup de feu, cette confrontation de mouvement a été remportée de manière catégorique, pour la première fois depuis la guerre froide, par la Russie. Voilà pourquoi la presse copier-coller  occidentale est restée silencieuse à ce sujet.

Tout d’abord, en Méditerranée orientale, au large des côtes syriennes, est apparue le groupe d’attaque Task Force 502 de la Sixième Flotte des Etats-Unis, qui comprend un porte-avions (George Bush?) avec à son bord 80-90 avions et hélicoptères. Sa mission était de se positionner de manière à pouvoir lancer des frappes aériennes contre des cibles de l’armée syrienne à Damas encerclée par les rebelles, aider ces derniers à surmonter la résistance de l’armée syrienne et à s’emparer du pouvoir. Mais les Russes ont contrecarré les intentions américaines  en interposant immédiatement, entre Task Force 502 et la côte syrienne, le porte-avions Amiral Kuznetsov, qui avait à son bord un groupe de 24 avions multi-rôle ; des SU-33 et des  MIG-29 KUB,  4 Sukhoi Su-25UTG/UBP, et 16 hélicoptères de lutte anti-sous-marine Kamov Ka-27PLO. Le porte-avions Amiral Kouznetsov est armé de12 lance-missiles mer-mer P-700 Granit, dont la vitesse est Mach 2,5 et avec une portée de 625 km. Nettement supérieurs aux missiles mer-mer  RGM-84 Harpoon (vitesse 864 km/h, portée 125 km) dont étaient équipés les destroyers et les frégates de l’escorter américain au sein de la Task Force 502. Le Kuznetsov était escorté par le destroyer Amiral Ciabanenko et la frégate lance-missile Ladnâi. Pendant 40 jours, le groupe naval américain a tenté, à l’abri d’un intense brouillage radar, de s’ouvrir un passage vers la côte syrienne en contournant le dispositif russe, mais en vain. Cette première phase a pris fin avec le retrait du théâtre des opérations des deux groupes, formés autour du porte-avions américain.

Mais les Américains n’avaient pas renoncé pour autant, et en cette partie de la Méditerranée, au large des côtes syriennes, la Sixième Flotte avait maintenu une patrouille de trois destroyers de classe Arleigh Burke, armés de 110 missiles de croisière BGM-109 (Tactical Tomahawk) avec un rayon d’action de 1600 km, conçus pour attaquer des cibles terrestres. C’est la raison pour laquelle, dans la période de Janvier au 4 Février 2013, le croiseur Moscova, le destroyer Severomorsk, le destroyer Smetlivâi (armé de missiles mer-mer Uran, de performances similaires aux missiles RGM-84 Harpoon américains) et la frégate Yaroslav furent utilisés dans des exercices pour des combats en Méditerranée, au large de la côte de la Syrie. Participèrent également à ces exercices les navires amphibie Saratov, Azov, Kaliningrad et Aleksandr Shabalin, ainsi que des avions de patrouille maritime à large rayon d’action et des bombardiers stratégiques de la 4ème armée aérienne russe.

Le croiseur Moscova est armé de 8 lanceurs x 8 missiles S-300 PMU Favorit, spécialisés pour abattre les missiles mer-mer et de croisière. J’ai écrit dans un article précédent, que lorsqu’ils volent à basse altitude, du fait des inégalités du terrain, les missiles de croisière peuvent être abattus par les systèmes S-300 à 40 – 70 km. Quand ils évoluent au-dessus de la mer, leur distance est doublée et avec elle la portée des missiles S-300. Le  croiseur Moscova dispose également de 16 lanceurs de missiles mer-mer  P-500 Bazalt d’une portée de 550 km et avec la même vitesse que la P-700 Granit (Mach 2.5). Pour cette raison, si les trois destroyers américains avaient tiré la première salve de missiles de croisière vers la Syrie, elle aurait été la dernière de leur vie. Dans ces conditions, la pénétration de la côte de la Syrie par des missiles de croisière américains devenait impossible.

Au début de Février 2013, avec l’écrasement des forces armées dites de libération de la Syrie, qui assiégeaient Damas, le jeu du chat et de la souris des groupes navals russe et américain en Méditerranée orientale a fait une pause. Les navires de la flotte de la mer Noire russe, conduite par le croiseur Moscova rentrent à leur base en Crimée, et leurs places dans le dispositif naval russe en Méditerranée ont été prises par d’autres navires, qui aujourd’hui  se composent principalement des destroyers anti-sous-marins Amiral Panteleev, Severomorsk et de la frégate Yaroslav Mudrâi.

En retirant le croiseur Moscova (c’est-à-dire les missiles S-300 PMU favorit à bord) près de la côte de la Syrie, les Russes ont volontairement laissé l’espace aérien syrien sans défense, attirant délibérément les Israéliens dans un piège. Ils se précipitèrent dans la brèche avec leurs avions par des raids dans les nuits du 3/4 et 4/5 mai 2013, afin de saper l’offensive militaire du gouvernement syrien.

Contrairement au dispositif antérieur au large de la Syrie, les  navires russes présents actuellement en Méditerranée sont équipés pour la lutte anti-sous-marine, avec des missiles lance-torpilles RPK-2 Viuga (portée 45 km) et des RU-100, RPK-6/7 veter (portée 120 km) se déplaçant en immersion à des vitesses de 400 km, en utilisant le phénomène de cavitation. Étant propulsé par un moteur de fusée à carburant solide, ils peuvent facilement passer du milieu marin au milieu aérien, et voler à Mach 1,5. Exactement comme prévu au siège de la marine russe, après les bombardements israéliens du 3/4 et 4/5 Mai 2013, les forces navales américaines ont été envoyés en patrouille en Méditerranée orientale près de l’île de Crète, deux sous-marins d’attaque classe Ohio à propulsion nucléaire (Florida-SSBN-728/SSGN-728 et Georgia-SSBN-729/SSGN-729), 18.000 tonnes. Le sous-marin Floride a participé aux opérations en Libye en Mars 2011, il avait alors lancé 93 missiles de croisière, dont 90 avaient fonctionné et touché terre.

Par Valentin Vasilescu, pilote d’aviation, ancien commandant adjoint des forces militaires à l’Aéroport Otopeni, diplômé en sciences militaires à l’Académie des études militaires à Bucarest 1992.

Traduction : Avic

Voir aussi :

Que signifie «gentleman agreement» pour les gouvernements américain et Israélien?

Les européens de l’Est entrent en croisade contre les extrémistes en Syrie

27 réflexions sur « La vraie bataille pour la Syrie, celle dont les médias ne vous parleront jamais »

  1. Je ne vois aps ou était le « piège » pour les israéliens… Ils ont pu bombarder impunément la Syrie.
    De toute manière, les Américains ont bien plus de moyens que les Russes, on n’est plus dans les années 80…
    Vous racontez n’importe quoi.

    1. ,je ne crois pas que si les russes étaient si faible ,les usa ‘auraient pas attendu 2 ans pour leur rentrer dedans chose qu’ils n’ont pas oser faire ,ils se planquent derrière des terroristes alimenter en armes
      par le Qatar et entrainer par les les services secrets occidentaux

  2. Heureusementr que d’autres sources d’informations que les habituels médias mensonges ! HEURESEMENT QUE LA RUSSIE EST Là. Mais ils veulent abattre VLADIMIR POUTINE par tous les moyens ! Et pourquoi c’est uniquement La RUSSIE qui ose braver cet ARMADA Américains ? Mais La Chine que fait-elle en ce moment ? Que La Russie ne tombe dans un piège qui consiste à se servir d’elle comme de la chair à p^té et ce sont les autres qui bénéficient après

  3. Bonjour à tous,
    Cet article et celui qui l’a précédé (Syrie un test pour Israël) m’ont passionnée. La joute navale en Méditerranée est impressionnante, un vrai plaisir de suivre les manœuvres des deux flottes et de constater l’échec US
    Un grand merci à vous Avic pour vos excellentes traductions mais aussi pour le choix des analyses proposées.
    J’ai recommandé ces deux articles sur Salam-Akwaba en indiquant leurs liens.
    Cordialement -mvL17

  4. Syrie: le scepticisme grandit sur le bien fondé d’une intervention !!!

    La circonspection s’installait jeudi dans les capitales occidentales face à une éventuelle intervention militaire en Syrie, les classes politiques
    s’interrogeant sur le bien fondé de frappes contre le régime, en écho à la réticence généralisée des opinions publiques.

    Les Britanniques ne sont pas pressés: seuls 22%, selon un sondage YouGov/The Times publié jeudi, sont favorables à une intervention,
    contre 51% d’opposition.

    Là où des sondages ont été réalisés en Europe, ils révèlent une opinion peu va-t-en-guerre.

    Les Allemands, traditionnellement réticents à déployer leurs soldats, étaient 58% à s’opposer à des frappes en Syrie, contre 33%, selon un sondage Politbarometer/ZD

    http://www.levif.be/info/actualite/international/syrie-le-scepticisme-grandit-sur-le-bien-fonde-d-une-intervention/article

  5. C’est la même qu’on disait sur les russes quand ils occupés l’afghanistan à mon avis hassan est très bien à sa place comme l’etait saddam comme l’etait khaddafi comme l’egyptien car
    les Arabes doivent chier dans leur froc du matin au soir et s’estimer heureux qu’un type réfléchisse à leur place. Normal, l’écrasante majorité ne sait pas se servir de son cerveau.
    Il ne faut donc pas en vouloir au chef quand il commet de grosses bavures. Quand il emprisonne et torture celui qui le contredit, parce qu’on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs.
    Quand il musèle les médias, censure la littérature et installe la corruption, même à l’école, où l’on paye parfois pour passer d’une classe à l’autre (ou obtenir un diplôme), parce qu’il ne peut quand même pas tout contrôler.
    Et puis il faut arrêter de voir les syriens sous le prisme occidental. L’Arabe n’est pas un philosophe. Il se fout de la liberté et du bonheur. Lui, ce qu’il veut, c’est bien manger, boire et dormir (et mater des culs aussi).
    Le reste, c’est du bonus. Donc, il peut s’en passer.

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