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L’armée syrienne a la capacité de repousser les vagues de Tomahawks lancés par les américains. Partie 1/2


Les  destroyers de classe Arleigh Burke ayant à bord jusqu’à 90 missiles de croisière Tomahawk (TLAM) et des sous-marins d’attaque de la classe Los Angeles – 40, ne seraient pas une nouveauté pour l’armée syrienne. Ni les bombardiers stratégiques B-52, qui peuvent prendre 20 Tomahawks (CALCM), 8 lanceurs rotatifs  (il n’y en a que 8, pour réduire la consommation de carburant) et 6 sous les ailes. Ni que ce missile de croisière ait en mémoire une trajectoire prédéterminée qui, une fois le missile libéré, ne peut plus être modifiée. Lire la suite L’armée syrienne a la capacité de repousser les vagues de Tomahawks lancés par les américains. Partie 1/2

Normandie-Niemen : Une amitié oubliée qui aurait été bien ulile aujourd’hui


Un vétéran du Normandie-Niemen sorti de l’oubli à Yaroslavl

Valentin Ogourtsov, 87 ans, a été fait chevalier de la Légion d’honneur pour avoir participé au régiment d’aviation Normandie-Niemen, qui a combattu les Allemands lors de la Seconde Guerre mondiale. « Le seul chevalier de la Légion d’honneur de Yaroslavl ! », comme il le signale. Rencontre avec ses souvenirs, en présence de son fils unique, Aleksandr Valentinovitch.

Régiment d’aviation Normandie-Niemen
Régiment d’aviation Normandie-Niemen

« Mon capitaine ! »

« On nous avait dit que les pilotes seraient français et qu’il ne fallait pas s’inquiéter. Mon capitaine ! : c’est comme ça qu’on les apostrophait », se souvient Valentin Ivanovitch Ogourtsov au milieu d’un tas de journaux et de notes éparpillés, fringuant dans sa chemise bleu ciel – la couleur de ses yeux.

Son récit est hésitant, emmêlé, brouillon. Quand il perd le fil, son fils vient à la rescousse : Valentin a grandi dans la petite ville de Fourmanov, dans le district d’Ivanovo. De l’école où il a étudié jusqu’à être appelé, à 17 ans, pour intégrer le régiment Normandie-Niemen, il reçoit tous les 9 mai – Jour de la Victoire – des lettres d’enfants lui témoignant leur admiration.

« Début 1943, j’ai été appelé, j’étais au lycée. Nous étions cinq frères et sœurs, et j’étais l’aîné des deux garçons. Mon père ne pouvait pas aller au front à cause de sa position importante au sein du Parti », raconte le vieil homme d’une voix lointaine.

Envoyé à Ivanovo comme mécanicien, le jeune homme est d’abord formé pendant un mois sur des avions de type américain, les AiraCobra. Puis le régiment franco-russe est transféré à Toula pour s’exercer sur des avions russes, les chasseurs Yak. Un mois plus tard, c’est le départ pour le front.

« Nous n’étions que des gamins »

Le régiment était composé d’une petite dizaine d’escadrilles : Valentin était chargé de l’entretien de l’avion numéro 16, deuxième escadrille.

« Au début, les pilotes français sont arrivés avec leurs mécaniciens. Mais ces derniers n’étaient pas contents de leurs salaires, ils voulaient être payés comme les aviateurs. Et puis, ils ne connaissaient pas nos engins, ils ne savaient pas réparer en plein hiver, quand le froid vous gèle les mains. Ils râlaient : Pas question de travailler dans des conditions pareilles ! Alors ils sont repartis, et des Russes ont été assignés à leur place », explique Valentin. Lorsque je lui demande comment les Russes réagissaient à ce qui a tout l’air de protestations syndicales, le vieil homme abrège : « Vous savez, c’était l’époque de Staline, alors nous… ».

Il se souvient que les aviateurs français, très bien formés au combat aérien, avaient l’habitude de dessiner une croix sur leur avion pour chaque engin ennemi abattu. L’équipe franco-russe communiquait grâce à des traducteurs. « Sauf un, qui parlait russe. Nous n’étions que des gamins, vous savez. Mais la responsabilité était énorme », dit-il.

Valentin Ogourtsov (au milieu), France, 2006
Valentin Ogourtsov (au milieu), France, 2006

Le vieil homme ne garde que des bons souvenirs de ses relations avec les Français : « On s’entendait bien. On ne mangeait pas ensemble, mais les Français partageaient parfois leur nourriture avec nous. Ils ne mangeaient pas de kacha, vous comprenez… ils n’aimaient pas ça. Dans leurs avions, ils stockaient des biscuits, du chocolat. Et avant chaque vol, ils nous en donnaient en cachette, en disant : Si je meurs, c’est gâché – profitez-en !. Mais ils ne nous ont jamais donné des cuisses de grenouille, non… »

L’un de ses souvenirs les plus douloureux est, étrangement, lié à leur dernière victoire sur les Allemands. Georges Henri, le pilote de l’avion numéro 16 sur lequel travaillait Valentin, abattit deux chasseurs lors d’un vol qui devait être son dernier, prenant ainsi l’avantage sur la mer Baltique. À l’atterrissage, Georges, tout heureux, se jeta vers ses collègues pour leur raconter son exploit – et fut mitraillé, dans sa course, par les soldats allemands qui cherchaient régulièrement à bombarder les aérodromes, pourtant camouflés.

« Mieux vaut tard que jamais »

Ainsi, en juin 1945, lorsque les mécaniciens russes accompagnèrent les pilotes français pour offrir à la France les 50 avions de chasse du Normandie-Niemen, Valentin ne put-il se joindre à eux : il n’avait plus de pilote. « J’aurais aimé y aller pourtant – pour raconter à la famille de Georges comment leur fils était mort en héros », regrette-t-il.

Valentin n’a donné sa toute première interview qu’en 2009. À ma question de savoir « pourquoi si tard », il répond que, longtemps, il n’a « pas eu le droit » de parler de cet engagement. Ayant quitté l’armée en 1951, après avoir servi à Yaroslavl et en Extrême-Orient, Valentin est rentré chez lui, à Ivanovo.

Le quotidien des pilotes
Le quotidien des pilotes

Et c’est son père qui lui a alors formellement déconseillé de parler de son passé : « Tu risquerais des ennuis – mieux vaut te faire oublier ». Et le jeune homme s’est tu, vingt-cinq années durant. À l’époque, d’ailleurs, l’opération Normandie-Niemen était restée secrète, et personne n’en avait eu vent en URSS.

Ce n’est que dans les années 1960 que l’existence du régiment a été révélée au public, et les soldats récompensés. À l’exception des mécaniciens cependant – et Valentin a conservé l’anonymat. « Après l’armée, en 1951, j’ai commencé d’étudier pour intégrer la faculté de médecine. On disait que l’examen d’entrée était très sélectif. Mais à Ivanovo, les médecins étaient tous très vieux, il fallait du sang neuf. Un professeur m’a donné une antisèche pour m’aider à rédiger ma dissertation d’admission. Tout y était : j’ai juste recopié les dix commandements de Staline : Staline, merci de vivre ici parmi nous. Merci pour avoir fait ceci et cela, etc. Je n’ai fait que trois fautes en recopiant – une virgule, une majuscule… J’ai donc été admis à la faculté de médecine, et je suis devenu gynécologue. »

Envoyé à Yaroslavl au bout de quelques années, Valentin y a rencontré son épouse, fait un enfant, vécu sa vie. Jusqu’au jour où, après ce qui semble une éternité, on est venu les chercher, lui et une maigre poignée de vétérans, afin d’accompagner Vladimir Poutine au Bourget. « Mieux vaut tard que jamais », soupire son fils.

« Trois survivants »

Et, le 22 septembre 2006, près du musée français de l’Air et de l’Espace, un monument au régiment Normandie-Niemen était inauguré, dont une copie trône dans le quartier de Lefortovo, à Moscou. En présence de Jacques Chirac et Vladimir Poutine :
– Lequel des deux t’a le plus impressionné, papa ? demande Aleksandr.

– Aucun, fils, aucun, lâche Valentin, avec un signe las de la main. Je me souviens juste que, le soir, nous avons paradé dans les rues avec toutes nos décorations sur la poitrine.

Il se tourne vers moi :

– Tenez, regardez : c’est un document signé de la main de Staline. Il y exprime sa reconnaissance ! Et ça, c’est un itinéraire de vol : l’opération, les villes libérées, les dates…

– Qu’avez-vous ressenti en recevant la Légion d’honneur française ?, je demande.

– Rien. Pourquoi ? Je n’ai rien ressenti. Vous savez, à la cérémonie, nous n’étions plus que trois survivants.
Le régiment d’aviation Normandie-Niemen est la seule unité de combat étrangère à s’être battue, lors de la Seconde Guerre mondiale, sur le territoire soviétique. En 1942, de Gaulle a proposé à Moscou d’envoyer des pilotes français en URSS et Staline a accepté. Le 4 décembre 1942, dans la ville d’Ivanovo, à 300 km au nord-est de Moscou, fut créée l’escadrille aérienne française. Les pilotes la baptisèrent « Normandie ». Au palmarès du régiment franco-russe : 5249 vols, 869 combats aériens et 273 victoires en tout, de mars 1943 à avril 1945.

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