Archives du mot-clé Rohani

Al-Qaida, éternel supplétif de l’Otan


Recep Tayyip Erdoğan et Yasin al-Qadi
Recep Tayyip Erdoğan et Yasin al-Qadi

La mise au jour des liens unissant le Premier ministre, Recep Tayyip Erdoğan, à Al-Qaida bouleverse la politique turque. Non seulement Ankara soutenait très activement le terrorisme en Syrie, mais il le faisait dans le cadre d’une stratégie de l’Otan. Pour Thierry Meyssan, l’affaire montre aussi le caractère factice des groupes armés qui luttent contre l’État et le peuple syriens. C’est la première fois depuis le 11-Septembre qu’un chef de gouvernement de l’Otan est surpris la main dans le sac, en train de travailler personnellement avec Al-Qaida. Lire la suite Al-Qaida, éternel supplétif de l’Otan

Le Bloc atlantiste cède, Tel-Aviv et Riyad complotent


Tribune libre Byblos

us_isr_saudLe 3 septembre dernier, alors que les TV du monde entier se préparent à diffuser en direct les vertueuses frappes punitives de l’Occident contre Damas, un bâtiment US tire deux missiles pour tester la réactivité des côtes syriennes. Lire la suite Le Bloc atlantiste cède, Tel-Aviv et Riyad complotent

L’Iran espère adhérer au groupe des BRICS


120620_brics_g20L’Iran cherche à rejoindre les BRICS afin de contourner les  sanctions imposées par les américains qui ont paralysé l’économie du pays basée sur l’exportation du pétrole.

L’Iran, qui continue de jouir d’une relation relativement confortable avec les pays BRICS – Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud – en dépit d’une récession économique grave, a été à la recherche d’opportunités à travers le monde afin d’accroître ses ressources pétrolières, le centre névralgique de l’économie du pays.

« L’Iran soutient le groupe BRICS et est prête à l’adhésion et à sa présence dans le fonds du BRICS », a déclaré le vice-ministre de l’Economie iranien Behrouz Alishiri.

Alishiri s’exprimait peu de temps après une rencontre bilatérale avec son homologue brésilien. De hauts responsables des deux pays ont été en pourparlers en marge de la réunion annuelle du Groupe de la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) à Washington.

Défiant les Etats-Unis sur les sanctions, le groupe BRICS est également considéré comme favorable à l’Iran sur son programme nucléaire controversé.

Lors du dernier sommet du groupe BRICS en Mars 2013, celui-ci a exprimé son inquiétude sur la position de Washington sur les activités nucléaires de l’Iran.

« Nous sommes préoccupés par les menaces d’action militaire ainsi que les sanctions unilatérales, et nous espérons que toutes les questions en suspens relatives au programme nucléaire de l’Iran seront résolues grâce à des discussions et des moyens diplomatiques. Nous pensons qu’il n’y a pas d’alternative à une solution négociée à la question nucléaire iranienne et reconnaissons le droit de l’Iran à l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire en conformité avec ses obligations internationales « , ont déclaré les dirigeants du BRICS après le sommet.

Compte tenu des liens étroits entre l’Iran et les pays du BRICS, son éventuelle adhésion au groupe a le potentiel pour rééquilibrer l’équation politique à travers les continents, d’autant plus que l’Iran est sous la nouvelle direction modérée de Hassan Rohani.

Parmi les nations du BRICS, l’Iran jouit également d’une relation chaleureuse avec l’Inde, malgré les récents hoquets sur les exportations de pétrole.

Comme beaucoup d’autres pays latino-américains, les liens de l’Iran avec le Brésil sont également très forts.

Par ailleurs, l’Iran et la Russie ont conclu des accords nucléaires car Moscou reste un fervent partisan du droit de Téhéran à enrichir de l’uranium à des fins pacifiques.

Vasudevan Sridharan

Traduction Avic

http://www.ibtimes.co.uk/articles/513640/20131014/iran-sanctions-brics-oil-tehran-nuclear-programme.htm

Obama, face à la diplomatie de velours de Rohani


Tribune libre Byblos

Hassan-Rohani-et-Barack-ObamaIls portent les prénoms des petits-fils de Mahomet : Hussein et Hasan, qui représentent deux manières différentes d’agir face à l’ennemi. Le premier, surnommé « le prince des guerriers », s’est lancé dans une bataille suicide pour le califat, et a perdu la vie dans une embuscade à Kerbala (Irak) en 608, alors que le second, voyant qu’il ne pouvait s’imposer face à Mu`âwîya Omeya et à sa puissante armée, a choisi de lui céder le pouvoir. Dans leur conflit, Hussein Obama et Hassan Rohani ont décidé de proclamer un cessez-le-feu, évitant ainsi une bataille qui serait mère de toutes les guerres. Si le premier, qui a nommé 25 fois l’Iran dans son discours devant l’ONU, parvient à empêcher l’entrée de ce pays dans le club nucléaire, il obtiendra son plus beau résultat en politique extérieure.

La dernière rencontre entre les chefs d’Etat des deux pays remonte à 36 ans. « Vous présidez une île de stabilité », avait dit Jimmy Carter au shah, alors que la terre tremblait sous les pieds insensibles du dictateur et qu’une année plus tard, une révolution démocratique (bâillonnée et avortée par la suite) allait mettre un terme à 2500 ans de monarchie.

Soit dit en passant, ce n’est pas la République islamique qui a interrompu les relations avec les Etats-Unis, mais bien l’inverse. La rupture s’est produite lorsque l’ambassade américaine à Téhéran a été occupée en signe de protestation contre le fait que les Etats-Unis aient accueilli le shah et sa famille, qui s’enfuyaient avec des valises pleines de bijoux et d’argent.

L’inimitié à l’encontre des Etats-Unis n’est pas inscrite dans la nature de la République islamiste. D’ailleurs, même après l’épisode de l’ambassade, les représentants politiques des deux pays ont continué à coordonner leurs stratégies. Quelques exemples : A la demande du candidat républicain Ronald Reagan, l’Iran n’a pas libéré les otages de l’ambassade, afin d’empêcher la réélection de Carter en 1980 ; la visite du général Robert MacFarlane à Téhéran en 1987, alors que l’ayatollah Ali Khamenei – l’actuel chef d’Etat – occupait la présidence, pour lui demander des bases destinées à espionner l’URSS ; la coopération avec Bush pour renverser Saddam Hussein et les talibans, et établir ensuite des gouvernements clients dans les deux pays ; enfin, récemment, le voyage de l’Américain Jeffrey Feltman, en qualité de représentant de l’ONU, pour négocier à propos de la Syrie.

Or, après tant d’années passées à crier « A bas l’Amérique » et à attribuer à la superpuissance la responsabilité de tous les maux du pays, les autorités iranniennes sont devenues les otages de leurs propres consignes, de sorte qu’il est maintenant difficile de renouer des relations avec le Grand Satan devant un public radical confus qui a exprimé son indignation en lançant des chaussures sur le cortège présidentiel de Rohani à son retour de New-York. Fort heureusement pour lui, il n’avait pas posé pour une photo avec Obama !

La 68ème assemblée des Nations Unies entrera dans l’histoire pour avoir donné une dernière chance de trouver une solution politique au conflit nucléaire entre l’Iran et les puissances mondiales. Hasan Rohani, avec la bénédiction d’Ali Khamenei, a adopté l’attitude de Mahmoud Ahdmadineyad en politique extérieure à la fin de son mandat : courtois et le sourire aux lèvres, il a assisté à cette réunion accompagné par le député des juifs iraniens, pour condamner les crimes nazis.

Le fait que la délégation israélienne ait été la seule à quitter la salle démontre l’intérêt des représentants de tous les autres pays à entendre le nouveau président de l’Iran. La politique modérée de Rohani a mis dans l’embarras Benyamin Netanyahou, qui doit sans aucun doute regretter Ahmadinejad. Le président Obama a dit deux choses que la République islamiste souhaitait entendre : d’une part qu’il ne cherche pas à changer le régime et d’autre part qu’il respecte le droit de l’Iran à accéder à l’énergie nucléaire à des fins pacifiques. Pour la première fois depuis des années, il n’a pas menacé l’Iran, ni prononcé la phrase maudite : « Toutes les options sont sur la table ».

Les raisons du changement

Côté Etats-Unis, les raisons du changement sont les suivantes :

– Négocier avec Téhéran coûte moins cher que de mener une guerre suicide ou d’accepter que l’Iran dispose d’un armement nucléaire.

– Aux Etats-Unis et en Israël, l’opinion publique est défavorable à une aventure belliqueuse en terres iraniennes. (Voir vidéo campagne : “Iranians : we love you  )

– Si leurs deux alliés les plus fidèles, le Royaume-Uni et l’Allemagne, ont refusé de collaborer pour l’attaque militaire contre Assad, ils n’accepteraient non plus pour l’Iran, qui reste un bien gros morceau.

– Le « gouffre fiscal » et le manque d’argent pour un nouveau conflit de grande envergure.

– Les Etats-Unis ont besoin de la République islamique pour pacifier l’Afghanistan, l’Irak, la Syrie et le Liban – ou pour y poursuivre leurs politiques.

Côté Iran, les raisons du changement sont les suivantes :

– Les sanctions étouffent l’économie du pays et les prix du pétrole sont bas. La « pétropolitique » montre l’effet immédiat de la corrélation négative entre les fluctuations des prix et l’offre de brut sur les politiques intérieure et extérieure (la qualité de la démocratie politico-économique) d’un pays. Plus il y a de pétrodollars, plus le pouvoir est indépendant de la volonté des citoyens. Ces huit dernières années, le gouvernement d’Ahmadinejad a bénéficié de revenus pétroliers supérieurs à tous les bénéfices obtenus au cours des cent années, sans pour autant que les conditions de vie de la population s’améliorent. Aujourd’hui, la République islamique ne peut plus ignorer la volonté du peuple.

– L’Iran craint l’éclatement de troubles sociaux plus graves que ceux de 2005, non plus pour des raisons politiques et de droits civils, mais en réaction aux conditions économiques.

– L’Iran se trouve dans un isolement impossible à supporter, fait l’objet de quatre sanctions de l’ONU et rencontre l’opposition d’un vaste front mondial regroupant aussi bien ses voisins turcs, juifs et arabes que les puissances « alliées », comme la Chine et la Russie, qui votent en faveur des sanctions du Conseil de sécurité.

– La Syrie, son unique allié dans la région, est sous pression.

– L’Iran se sent assez fort pour se défendre sans armes nucléaires, ce qui n’était pas le cas il y a quelques années.

– L’Iran a besoin de conclure un accord avec Washington avant qu’Obama quitte la Maison-Blanche, en 2016.

– L’Iran ne pourra être une puissance régionale qu’en s’alliant aux Etats-Unis, comme la Turquie ou Israël.

Pour abandonner son programme nucléaire, l’Iran demande des garanties que les Etats-Unis et Israël ne l’attaqueront pas, la levée des sanctions économiques et financières ainsi que le droit de pouvoir recourir à l’énergie nucléaire à des conditions qui respectent sa souveraineté, soit concrètement à pouvoir enrichir de l’uranium sur son propre territoire. Pour leur part, les Etats-Unis demandent à l’Iran d’apporter la preuve que son programme nucléaire poursuit des buts pacifiques et d’abandonner Bachar al-Assad.

Les obstacles auxquels les deux gouvernements sont confrontés

Les deux chefs d’Etat rencontrent une forte opposition, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de leur pays.

Le président iranien a contre lui le pouvoir judiciaire, le parlement ainsi qu’un vaste réseau peu coordonné d’organes, de groupes et d’institutions aux intérêts divers, comme les « Principalistes », l’élite intégriste multidimensionnelle opposée à changer le statu quo, qui agite le drapeau des « valeurs » de la lutte contre le Grand Satan et qui a empêché jusqu’à la rencontre « fortuite » entre Obama et lui dans les couloirs de l’ONU. Rohani compte parmi ses détracteurs certains secteurs de l’armée toute puissante de Gardiens islamiques, lesquels ont refusé l’offre qu’il leur avait faite leur permettant de maintenir leur influence sur l’économie à condition de ne pas interférer dans la politique.

Il se trouve également face à l’opposition de ceux qui se méfient des intentions de Washington et qui n’ont pas l’intention d’abandonner Assad, estimant que la Syrie constitue la « profondeur stratégique  » de l’Iran et que ce rapprochement n’est rien d’autre qu’un compromis face à l’Empire. Il n’a pas non plus les faveurs des commerçants qui se sont enrichis grâce au marché noir que les sanctions économiques ont engendré, qui gagnent des millions en touchant de grosses commissions sur les dollars qu’ils importent, une conséquence du boycott imposé sur le secteur financier iranien par l’ONU et les Etats-Unis.

La position ambiguë d’Ali Khamenei est dangereuse, lui qui est capable de désavouer Rohani et de l’écarter du pouvoir si les tentatives de lever les sanctions échouent ou s’il se sent menacé par l’union forte entre Rohani et Hachemi Rafsandjani. Par ailleurs, depuis son investiture, les citoyens ont de fortes attentes, surtout depuis que les Etats-Unis ont fait une seule affaire du dossier nucléaire iranien et du dossier syrien.

Pour toutes ces raisons, Rohani a prévenu les Etats-Unis que le temps pressait et que sa proposition de paraliser le programme nucléaire iranien en échange d’une levée des sanctions économiques imposées par l’Occident et l’ONU pourrait être annulée par les sécteurs radicaux de la République islamique si ceux-ci ne constatent pas immédiatement les résultats des efforts qu’il fournit en politique extérieure.

Pour sa part, Obama doit dissiper la méfiance suscitée aux Proche Orient par les agressions militaires perpétrées par son pays, neutraliser les pressions des républicains, d’Arabie Saoudite et d’Israël, qui observent d’un œil irrité à quel point l’option militaire contre les ayatollahs s’est affaiblie ; imposer sa volonté à Netanyahu, qui exige l’annihilation de la capacité de l’Iran à militariser sa technologie nucléaire, alors qu’Obama est indifférent au fait que l’Iran puisse devenir comme l’Allemagne, l’Argentine, l’Espagne ou l’Italie, entre autres, dont les industries nucléaires civiles disposent d’une technologie en mesure de produire des armes nucléaires, mais qui ont décidé, pour des raisons politiques et économiques, de ne pas le faire.

Il ne s’agit pas ici de deux poids, deux mesures, mais de la position illogique de Tel Aviv, qui est le principal bénéficiaire du rapprochement entre les Etats-Unis et l’Iran, lequel implique le désarmement de ce dernier pays et la fin du soutien qu’il apporte aux ennemis d’Israël dans la région.

Les secteurs va-t-en-guerre des deux pays tenteront de dynamiter tout accord, soit en produisant des films tels que Jamais sans ma fille ou Argó, soit en prenant d’assaut des ambassades ou en lançant des provocations depuis la Syrie ou d’ailleurs. La célébration iranienne du 4 novembre, date de la prise d’assaut de l’ambassade américaine à Téhéran, s’approche. C’est l’occasion parfaite pour le tandem Khamenei-Rohani de démontrer leur bonne volonté en remplaçant les traditionnels rassemblements devant ce bâtiment – où l’on scande « A bas l’Amérique » et où l’on brûle des drapeaux à rayures et étoiles – par des tables rondes, des conférences télévisées ou autres, afin d’expliquer la nouvelle politique du pays.

Rohani doit lier la détente en politique extérieure et les réformes intérieures, à savoir lever la censure sur l’internet, autoriser les syndicats et les partis politiques, supprimer la peine de mort (infligée quotidiennement à plusieurs personnes), cesser de harceler les personnes qui refusent de porter la tenue islamique (une pure invention), pour élargir sa base sociale. Pour le moment, il a libéré plusieurs prisonniers politiques, réintégré des dizaines d’étudiants et de professeurs et introduit la gratuité des traitements destinés aux malades « spéciaux ». Il ne s’agit certes que de gestes timides, mais néanmoins positifs.

S’il est vrai qu’il n’y a pas eu de photo de Rohani et d’Obama ensemble, peut-être pourrons-nous voir John Kerry, dont le gendre est un médecin iranien, se promener dans les rues de Téhéran. Pour la paix dans le monde, espérons que cette branche d’olivier ne soit pas méprisée.

Traduit de l’espagnol par Chloé Meier pour Investig’Action

Vous pouvez contacter l’auteur à l’adresse suivante : ecrirearmanian@gmail.com

Source : Publico.es

http://www.michelcollon.info/Obama-face-a-la-diplomatie-de.html

Iran : l’Occident reconnaît s’être tiré une balle dans le pied


Press-Secretary-Jay-Carney_0Pourquoi Obama tenait tant à renouer avec l’Iran ? Pourquoi faisait-on tant d’effort pour ‘’gentifier’’ Rohani, jusqu’à lui faire reconnaitre l’holocauste qu’il n’a jamais reconnu ? Et enfin pourquoi se dirigeait-on inexorablement vers l’allègement des sanctions contre l’Iran ?

Parce que l’économie occidentale a été fortement touchée par ces sanctions exigées et orchestrées par Tel Aviv. Marche arrière toute. Il fallait tout revoir. Avec un nouveau président iranien ‘’gentil’’ et conciliant, ce sera d’autant plus facile.  Ces derniers temps on a vu un ballet diplomatique tout de charme, de sourires avenants et de séduction vis à vis de la nouvelle ‘’administration’’ iranienne. On a vu des rencontres inattendues, des coups de fil impromptus, des offres alléchantes, de grandes annonces médiatiques qui, il y a quelques semaines seulement, étaient impensables.

Et aujourd’hui, qu’entend-on ?

Le porte-parole de la Maison Blanche a reconnu que les pays qui imposent des sanctions contre l’Iran en endurent les graves conséquences, sur le plan financier. En France on l’avait déjà douloureusement constaté avec Peugeot et Renault. Tous les pays d’Europe avaient fait le sacrifice suprême au nom de la solidarité atlantiste. Mais quand le patron dit, par l’entremise de son porte-parole Mr Jay Carney, lors d’une conférence de presse à la Maison Blanche, que ces sanctions ‘’font subir de lourdes conséquences financières à ceux qui sanctionnent’’, c’est que Wall Street et la City eux-mêmes sont touchés.

Là on comprend mieux tous ces salamaleks.

Les iraniens les avaient pourtant prévenus. « Nous aurons mal, mais vous aussi, vous aurez mal », avaient-ils dit en substance. Qui qu’avait raison ?

Avic

 

Discours à l’ONU de Netanyahu : Un discours de sociopathe? Pepe Escobar


p20_20131002_pic1 (2)Les missiles iraniens frapperont New York dans « trois à quatre ans ». Un Iran nucléaire, c’est comme « 50 Corées du Nord».

Ceci pourrait provenir de quelqu’un de dérangé, psychopathe dangereux, ou … du Premier ministre israélien Benjamin «Bibi» Netanyahu devant l’Assemblée générale de l’ONU.

Comparez vous-même. La semaine dernière, nous avions le président iranien Hassan Rouhani appelant le monde à surfer sur un VAGUE (WAVE : World Against Violence and Extremism ).

Cette semaine, nous avions Bibi disant que c’était un piège « cynique » et «totalement hypocrite ».

Dans le monde, selon Netanyahu, «Ahmadinejad est un loup déguisé en loup. Rouhani est un loup déguisé en agneau ».Rouhani a tenté de se présenter comme « pieux », mais il a toujours été impliqué avec « l’état terroriste d’Iran ». Il est comme « un tueur en série qui va au tribunal habillé en curé pour témoigner de sa nature d’homme ‘’ d’éthique’’ et ‘’religieux’’ ».

Les rodomontades mises à part, Bibi a changé son jeu. Maintenant, ce ne sont plus les caricatures idiotes de dessins animés et il ne mendie pas des frappes de l’Iran par les États-Unis pratiquement toutes les semaines. Cette fois c’est  » le programme nucléaire militaire  » de l’Iran qui doit être fermé – un programme, soit dit en passant, dont les innombrables  agences de renseignement américaines  disent qu’il n’existe pas.

Et ceci après que Netanyahu ait dit au président américain Barack Obama d’oublier – à jamais – la résolution 242 du Conseil de sécurité de l’ONU, qui déterminait le retrait total d’Israël de tous les territoires occupés après la guerre de 1967.

Donc, nous allons clarifier certaines choses.

L’Etat d’Israël n’a pas de frontières internationalement reconnues, et n’a pas non plus une capitale internationalement reconnue. Il y a forcément expansion perpétuelle.

Israël n’a pas respecté pas moins de 69 résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU et a été « protégé » sur pas moins de 29 autres, par la  grâce du veto des États-Unis.

Il a occupé les territoires souverains du Liban et de la Syrie, sans guère se soucier des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU.

Israël a signé les Accords d’Oslo en promettant de cesser de construire pour de bon, de nouvelles colonies en Palestine. Au lieu de cela, il a construit plus de 270 nouvelles colonies. Cela fait partie du mouvement lent de nettoyage ethnique de la Palestine au cours des six dernières décennies.
Israël a menacé de bombarder l’Iran toutes les semaines pendant au moins trois décennies.

Israël est une puissance nucléaire non déclarée avec pas moins de 400 têtes nucléaires ; refuse de signer le Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) ; se dérobe aux inspections internationales ; n’a jamais ratifié le traité de Convention sur les armes chimiques ; a utilisé les armes chimiques sur Gaza, et détient un stock non déclaré d’armes chimiques plus que toute autre nation dans le Moyen-Orient.

L’Iran, pour sa part, n’a pas d’ogives nucléaires. L’Iran a signé le TNP et est inspecté à intervalles  réguliers. L’Iran n’a pas envahi un autre pays depuis au moins 250 ans. L’Irak sous Saddam Hussein a envahi l’Iran en 1980, mais l’Iran n’a pas occupé le territoire irakien.

Le lobby pro-israélien à Washington et le Congrès américain ont imposé un blocus financier sur l’Iran, ce qui, en  pratique, est une déclaration de guerre. Cela a conduit à une dépréciation massive du rial iranien – avec des conséquences dramatiques pour la vie des Iraniens ordinaires. Pourtant, lors de sa rencontre avec Obama ce lundi à Washington, M. Netanyahu a non seulement demandé des sanctions, il a dit qu’Israël  attaquera  unilatéralement l’Iran si les mots de Rouhani ne sont pas suivies par des «actions».

La véritable «communauté internationale», comme l’immense majorité des pays en développement, y compris le groupe BRICS des puissances émergentes, sait tout cela sur le bout des doigts. Ces faits permettent de voir clair dans le jeu de Bibi.

Il suffit de regarder la carte

La simple possibilité d’un dialogue américano-iranien est une réelle « menace existentielle » pour la droite israélienne. Bibi n’acceptera  pas même le droit de l’Iran à enrichir de l’uranium à des fins civiles, droit qui lui est octroyé par le TNP.

Un accord américain avec l’Iran est une proposition gagnant-gagnant pour tout le monde, pas seulement les deux principaux protagonistes, mais les énergivores européens, l’économie mondiale, les multinationales. Sauf pour Israël.

Le cauchemar de Bibi est la République islamique d’Iran, non seulement en tant qu’acteur géopolitique indépendant en Asie du Sud – ce qu’il est déjà – mais aussi comme une puissance régionale en plein essor ; de ce point de vue, l’Iran ne peut qu’aller de l’avant, compte tenu de son énorme population jeune et bien éduquée, ses ressources énergétiques énormes, son fabuleux emplacement et ses liens complexes avec l’Asie du Sud,  l’Asie centrale et l’Asie de l’Est.

Pour la droite israélienne, le statu quo est idéal. Soit nous trouvons des marionnettes américaines telles que les pétromonarchies du Conseil de coopération du Golfe (CCG) ; soit des républiques laïques arabes qui, avec des degrés divers d’implication d’Israël, ont été plongées dans une tourmente extrême, comme l’Irak et la Syrie en particulier.

Il est très facile pour Israël de manœuvrer entre ces acteurs; les Israéliens peuvent, par exemple, se réjouir avec un coup d’Etat militaire en Egypte (parce que l’armée égyptienne n’est pas une menace) tout en s’associant avec l’Arabie saoudite pour tenter de faire tomber Assad en Syrie. La  balkanisation du Moyen-Orient sur des lignes sectaires est douce comme du miel pour Israël.

Mais l’Iran comme puissance économique / politique émergente, avec des relations normalisées avec les Etats-Unis et l’Europe occidentale, c’est une question autrement plus grave, « existentiellement » menaçant la prétendue hégémonie d’Israël au Moyen-Orient, qui repose uniquement sur ​​sa force militaire (sans parler de sa capacité nucléaire cachée).

Tant pis pour l’obsession de Netanyahu de changement de régime à Téhéran,  ou la meilleure autre option qui aurait été l’isolement total de l’Iran par rapport à l’occident (car pour ce qui concerne l’Orient, l’Iran a des relations prospères avec tous les acteurs clés de l’Asie).

Le point crucial est que « la menace existentielle » de l’Iran a été extrêmement utile pour la droite israélienne comme une tactique de diversion, changeant le sujet de ce qui se passe dans la vraie vie : un état garnison nucléaire / colonisateur, étant très clairement en train de rayer une population – les Palestiniens – de la carte. En cas de doute, il suffit de regarder la carte.

Alors, voici où nous en sommes. Netanyahou est un faucon qui ne jure que par Eretz Israël – un «grand» Israël avec des frontières en constante expansion et l’hégémonie militaire / nucléaire incontestée dans le Moyen-Orient. Il a de puissants alliés ; l’extrême droite américaine et les néo-conservateurs, des républicains déments qui appuieront n’importe quoi tant que c’est contre Obama, une grande partie du Congrès américain manipulée par Israël, de larges pans des grands médias. Ils ne reculeront devant rien pour faire dérailler même l’ombre d’un accord entre Washington et Téhéran.

La tentation de la véritable « communauté internationale » serait de dire à Netanyahou de se taire – et d’aller jouer avec ses caricatures idiotes. Obama à l’ONU la semaine dernière a déclaré que ses priorités sont aujourd’hui l’Iran et de tenter de résoudre la tragédie israélo-palestinienne. Donc, la balle est vraiment dans le camp d’Obama – pas dans celui du sociopathe.

Pepe Escobar

Traduction Avic

http://rt.com/op-edge/netanyahu-un-nuclear-iran-633/

L’Iran et l’holocauste


amanpour_2683889bAvant d’être jugé, jaugé, apprécié ou honni, tout nouveau président iranien doit passer le test de l’holocauste. C’est le test actuellement en cours pour Hassan Rohani. Test délicat où il est interdit de botter en touche. Il est interdit de dire ‘’je ne sais pas’’. Nul n’est censé ignorer ce qu’est l’holocauste. Dire ‘’je ne suis pas spécialiste’’ ou ‘’je ne suis pas historien’’ ? Mauvaise réponse. Cela sera perçu comme une tentative d’évitement. Il est obligatoire de se prononcer, immédiatement et sans détour. Si le nouveau président dit que des problèmes plus urgents et plus vitaux le préoccupent avant toute chose, cela veut dire que le nouvel arrivant n’a pas la moindre étincelle d’humanisme pour pouvoir s’occuper des problèmes humains de son peuple. Quoi de plus important, en effet, que le problème humain soulevé par ce symbole, au-dessus de tous les symboles, l’holocauste que Dieu, Yahvé ou Allah nous a mis sur notre route pour nous guider dans toutes nos actions ?

Une bonne fois pour toute il faudra que les dirigeants iraniens, et le monde aussi, intègrent l’idée que ‘’l’holocauste est unique, n’a pas de précédents, n’as pas d’équivalent actuel et ne sera jamais égalé’’. Il serait bon que tout le monde sur terre puisse se le répéter comme une sourate du Coran. C’est la seule profession de foi qui vaille aujourd’hui.

Apparemment, Rohani n’a pas tout à fait réussi son examen. Comme son prédécesseur Ahmadinejad, il a condamné tout crime contre les humains. M. Rohani, ne sait-il pas que ses examinateurs s’en foutent des crimes contre l’humanité ? En refusant de se plier au rituel exigé quand on aborde la question de l’holocauste il se classe automatiquement parmi les négateurs de la Vérité Universelle, base de toute humanité. Comment peut-on, dès lors faire confiance à ce type d’individus qui arborent ouvertement leur négation de la notion la plus élémentaire de l’humain ? Comment pourrait-on les croire, alors qu’ils dénient le droit d’exister à ceux qui ne pourront jamais se remettre de cette ignominie qu’est l’holocauste ? Car enfin, ne nous voilons pas la face, ne pas reconnaître l’holocauste, c’est le nier. Et le nier c’est nier tous les droits qui en découlent, dont le droit à l’existence d’un pauvre petit état qui cherche désespérément à récupérer et à protéger ses terres qui lui ont été données par Dieu et l’Holocauste.

Aux iraniens, on ne leur demande pourtant pas grand-chose. On leur demande juste de faire leur profession de foi, comme tout le monde. Ça ne mange pas de pain puisque, en reconnaissant l’holocauste, ils reconnaissent implicitement que les allemands, avec la complicité active des autres pays d’Europe ont commis des crimes contre l’humanité. Ces crimes étant imprescriptibles, cela veut dire que la France, l’Allemagne, la Pologne, la Belgique, et bien d’autres pays en Europe, sont encore et resteront à jamais des pays criminels. C’est tout bénef pour la résistance des iraniens contre l’arrogance occidentale. Il eut même été possible, s’ils n’avaient été si obtus, de profiter des compensations que l’Europe doit fournir pour soulager sa conscience d’avoir meurtri l’humanité, et pour faire oublier sa responsabilité dans le Grand Crime Fondateur (qu’il est par ailleurs interdit d’oublier…).

Mais l’Iran résiste. C’est le seul endroit au monde où la doctrine de l’holocauste n’arrive pas à pénétrer. Il a fallu des siècles pour convertir les peuples au judaïsme et aux religions qui en ont découlé (le Christianisme et l’Islam). Combien de temps faudra-t-il pour les convertir à l’holocauste ?

Avic

L’Iran n’est pas aux ordres !


media_xll_6152736Décidément, le calvaire diplomatique de Washington continue. La rencontre tant médiatisée entre Rohani et Obama n’aura pas lieu. Et c’est l’Iran qui ne veut pas donner suite à ‘’l’offre’’ des Etats-Unis. Peut-être précisément parce que la Maison Blanche n’a pas pu s’empêcher de présenter ça comme une offre, un cadeau de la part d’Obama.

La raison officielle invoquée par Téhéran est que ce serait « trop compliquée à réaliser à l’heure actuelle », selon un responsable de la Maison Blanche. Toujours selon ce responsable, « nous avons dit publiquement, et également en privé aux Iraniens, que nous étions ouverts à l’idée de discussions en marge de l’assemblée générale de l’ONU, des discussions informelles et non une rencontre bilatérale. Cela s’est avéré trop compliqué à réaliser à l’heure actuelle pour les Iraniens ».

Un camouflet de plus pour Obama. Il aurait quand même pu se douter qu’après 34 ans de harcèlement, d’embargos, de menaces et même de guerre par proxy, on ne peut pas, du jour au lendemain, proposer des rencontres informelles et faire comme si rien ne s’était passé. Surtout quand, derrière le discours qui se veut rassurant, l’action belliqueuse continue en sourdine.

Par leur refus, les iraniens veulent d’abord montrer qu’ils ne sont pas quémandeurs de la bienveillance américaine et qu’ils ne sont pas aux ordres. Dans son discours à la tribune des Nations Unies, Rohani fait appel au droit international et non au bon vouloir des Etats-Unis. Un peu plus tôt, Barack Obama avait d’ailleurs reconnu le droit de l’Iran au nucléaire civil. Le refus iranien pourrait aussi vouloir dire que Rohani ne veut pas se contenter d’une rencontre informelle. Etant donné l’ampleur des problèmes irano-américains, toute rencontre au sommet doit se faire en vue d’un règlement de fond, dans une atmosphère de confiance et de respect mutuels. Ce n’est apparemment pas le cas ‘’à l’heure actuelle’’.

Bien sûr, Netanyahou doit jubiler dans son coin et a déjà dû préparer son petit commentaire acerbe sur cette rebuffade. Mais il ne devrait pas trop se réjouir car, pour des raisons que nous ignorons, les Etats-Unis ont besoin de se rapprocher de l’Iran. Ils reviendront à la charge, avec peut-être un peu moins d’arrogance.

Avic

Les États-Unis cherchent, en catimini, le contact visuel avec l’Iran


ali_khamenei_AP071126158378_620x350Le porte-parole de la Maison Blanche Jay Carney a déclaré dans une remarque soigneusement formulée lundi, « Pour l’instant, le président [Barack Obama] n’a pas prévu de rencontrer son homologue iranien à l’Assemblée des Nations Unies ». Les Iraniens maintiennent également qu’il n’y a pas de « plan » pour le moment.

Mais deux déclarations faites par le guide suprême iranien Ali Khamenei, le mardi méritent une attention particulière. Khamenei s’adressait aux commandants du CGRI. Il a réitéré sa précédente affirmation que l’Iran ne poursuivra pas un programme d’armes nucléaires. Il a dit : « Nous n’acceptons pas les armes nucléaires, pas à cause des États-Unis ou d’autres pressions [] mais à cause de nos croyances, et quand nous disons que personne ne devrait avoir des armes nucléaires, ce n’est certainement pas pour nous en pourvoir ».

Khamenei leur a également signalé que la conception de la politique étrangère du président Hassan Rouhani qui met l’accent sur ​​la diplomatie jouit de son soutien. Il dit: « Je suis d’accord avec la question que j’ai appelée il y a quelques années la flexibilité héroïque, parce que cette initiative est très bonne et nécessaire à certaines occasions, mais avec un engagement à une condition principale … »

Tout observateur de longue date de l’Iran décodera ces mots obscurs dans le sens que Khamenei a manifesté son approbation à des pourparlers directs avec les Etats-Unis. Les deux déclarations complémentaires viennent tout juste une semaine avant le voyage de Rouhani à New York.

Pendant ce temps, l’Iran a reconnu que Rouhani a reçu une lettre d’Obama pour le féliciter de sa victoire électorale et y a répondu, et que la lettre a également porté sur «d’autres questions».

Spiegel a réalisé un rapport citant des sources de services de renseignement que l’Iran était prêt à démanteler l’usine controversée d’enrichissement de Fordo et à permettre aux inspecteurs internationaux de surveiller le retrait des centrifugeuses, et que Rouhani pourrait faire une annonce officielle dans son discours du 24 septembre. Les négociations AIEA-Iran sont prévues pour le 27 septembre.

Déjà, après sa rencontre avec l’ambassadeur iranien nouvellement nommé auprès de l’AIEA, Ali Akbar Salehi (ancien ministre des Affaires étrangères) à Vienne, mardi, à la veille des pourparlers officiels de la semaine prochaine, le Directeur général de l’AIEA Yukiya Amano a exprimé son optimisme de parvenir à un accord en ce qui concerne les questions en suspens sur le dossier nucléaire iranien.

Par ailleurs, Obama a prévu une réunion avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à la Maison Blanche le 30 septembre. Le trafic diplomatique sur la question nucléaire de l’Iran est de plus en plus dense.

M K Bhadrakumar

Traduction : Avic

http://blogs.rediff.com/mkbhadrakumar/2013/09/18/us-iran-on-tiptoe-seeking-eye-contact/

Poutine prépare l’Iran


epa_rouh_put.jpg.740x-x1Un peu de répit pour la Syrie. Mais ce n’est qu’un répit. Tous les protagonistes savent bien que ce n’est pas encore fini. La Russie a beau multiplier les obstacles et créer des situations qui obligent les assaillants à reformuler les raisons pour lesquelles ils ‘’sont tenus’’ d’attaquer la Syrie, la volonté de dépecer ce pays reste intacte. La seule chose qui a sauvé la Syrie jusqu’à présent, c’est que les agresseurs se sentent encore obligés d’habiller leur acte criminel de manière à ce qu’il n’apparaisse pas trop comme tel.

Les russes, les iraniens et les chinois en ont forcément conscience. S’ils pouvaient avoir quelques doutes, le souvenir des coups fourrés libyens, et surtout irakiens les ramènerait à la réalité. Notamment au sujet des inspections des armes de destruction massives de Saddam Hussein qui ne furent, en fait, qu’un des plus sûrs moyens de préparer l’invasion de l’Irak. La France a déjà été envoyée au charbon pour proposer des projets de résolution de l’ONU dont ils pourront exploiter les failles pour permettre une intervention ‘’légale’’.  Rien de nouveau. Il n’y a que Fabius pour ne pas voir que tout le monde le voit venir.

Mais en changeant les paramètres du plan des agresseurs et en les obligeant à revoir leurs calculs, la Russie gagne un temps précieux qu’elle peut mettre à profit pour, d’une part, élargir le camp des opposants à la guerre dans le monde, grâce à une prise de conscience de plus en plus étendue des inepties pro-guerre, et d’autre part, renforcer le système de dissuasion d’une attaque en équipant un peu plus la Syrie et ses alliés, l’Iran en particulier.

Pour ce deuxième volet, Poutine n’a pas perdu de temps. Il vient de décider de livrer à l’Iran les fameux systèmes de missiles S-300 dont le contrat de livraison, signé en 2007, avait été annulé par Medvedev sous la pression des Etats-Unis (et Israël). En outre, le président russe rencontrera le président iranien Hassan Rohani le 13 septembre en marge du sommet de l’Organisation de Coopération de Shanghaï, à Bichkek, au Kirghizistan, pour discuter de la coopération militaire et technique entre leurs deux pays. C’est ce qu’a annoncé le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.

Ces décisions de Vladimir Poutine, somme toute prévisibles, nous les annoncions déjà dans deux articles de Valentin Vasilescu le 18 juin et le 20 juin. Cela montre que la Paix peut aussi avoir ses stratèges et, dans ce camp, il n’y a pas que la Russie. Il y a aussi la Chine qui, bien qu’on l’entende très peu, n’en agit pas moins. Ces stratèges habiles œuvrent pour l’humanité. Les esprits chagrins diront qu’ils travaillent d’abord pour leurs intérêts. Qu’est-ce que ça change ? Le résultat pour nous est là. Il y en a même qui diront : attendez de voir ce qui vous attend demain. Entre apocalypse Now et apocalypse demain, je choisis, sans hésitation, apocalypse demain.

Quand j’ai débuté ce blog, j’avais écrit : Poutine, prix Nobel de la Paix 2013. En fait, il n’est nul besoin de ces gadgets pour savoir qui sont les véritables champions de la Paix. Ces prix aux noms ronflants serviraient plutôt à désigner les bellicistes purs et durs. Pendant que les va-t’en-guerre se congratulent et se distribuent des prix, les hommes de paix s’emploient désespérément à déjouer leurs plans machiavéliques. Quant au peuple, ce peuple tant encensé et paré de toutes les vertus, il continue de moutonner et de jouer son vrai rôle de peuple, celui de supporters et de pom-pom girls, pendant que les vrais joueurs se taclent sur le terrain. A défaut de pouvoir agir, il devrait, au moins supporter ses intérêts humains, et non ceux d’un des joueurs en particulier. Et les intérêts humains passent d ‘abord par la paix entre les humains. C’est plus sûrement Poutine et Rohani qui défendent cette paix que Netanyahou, Obama et leurs laquais. C’est une évidence qui finira bien par s’imposer à tous.

Avic

L’Iran devient prévisible sous Rouhani


8014108c05bf42148670137f4d3d5fa4Le Majlis iranien (parlement) a commencé aujourd’hui (12 Août) les auditions de confirmation du gouvernement du président Hassan Rohani. Les audiences sont réparties sur plusieurs jours. C’est une période intéressante pour sonder les courants politiques dans le système politique très factions de l’Iran. Inutile de dire que la confirmation n’est pas nécessairement assurée, puisque les commissions du Majlis supervisant le fonctionnement des différents ministères prennent leur travail très au sérieux, étant donné l’unicité de l’exécutif iranien à qui il manque une bureaucratie forte en tant que telle.

Rouhani a touché la corde sensible dans son discours au Majlis plus tôt dans la journée, en insistant sur ​​son souci d’avoir une bonne relation de travail avec le Majlis. La présidence et le Majlis étaient à couteaux tirés pendant la majeure partie du second mandat de l’ancien président Mahmoud Ahmadinejad. Mais Rouhani est lui-même un parlementaire aguerri et a été vice-président du Majlis.

Les rapports indiquent qu’il a fait ses nominations pour le gouvernement avec la bénédiction du guide suprême Ali Khamenei. De toute évidence, la plupart d’entre eux sont des visages familiers qui ont servi sous l’ancien président Hachemi Rafsandjani (1989-1997).

La principale caractéristique de la présidence de Rafsandjani était «pragmatisme» et libéralisme économique. En effet, le «bazar» revient avec des idées de revanche. Rouhani a choisi comme chef de son staff Mohammad Nahavandian, qui était à la tête de la Chambre de commerce et d’industrie de l’Iran et est connu pour être très proche de Rafsandjani.

Rouhani a fait des choix avisés aussi. Mohamed Jawad Zarif ministre des Affaires étrangères  en est un. Les Iraniens l’appellent le «New Yorkais», signifiant son attitude positive sur les négociations avec l’Occident. Même Dennis Ross, ancien envoyé spécial américain au Moyen-Orient et un fervent partisan d’Israël, admet que le choix de Zarif est un «signe que Rouhani a l’intention d’interagir avec l’Occident. »

James Dobbins, représentant spécial américain pour l’Afghanistan et le Pakistan, a une fois enregistré dans un témoignage au Congrès américain que sans le grand coup de main donné par Zarif à la Conférence de Bonn (décembre 2001), les États-Unis n’auraient pas pu réussir la transition politique à Kaboul sous Hamid Karzai après le renversement du régime des talibans. Dobbins a rendu un vibrant hommage à Zarif en tant que diplomate habile qui a travaillé en étroite collaboration avec lui, tout en soulignant la transparence de la coopération américano-iranienne pour stabiliser l’Afghanistan.

De même, Rouhani a fait un choix intéressant pour le poste de ministre de la Culture et de l’Orientation islamique – Ali Jannati. Le nom peut faire soulever les sourcils parce que, oui, il est en effet le fils du célèbre et intransigeant ayatollah Ahmed Jannati, qui dirige le Conseil des gardiens (organe qui disqualifie les candidats aux élections).

Cependant, comme Ali Jannati, ancien ambassadeur au Koweït, l’a si joliment dit une fois, les questions de croyance ne sont pas génétiques. «Ce n’est pas comme si j’avais hérité dans mes croyances et mes attitudes de l’ADN de mon père. » Il est proche de Rafsandjani (que le Conseil des gardiens a « disqualifié » à la dernière élection présidentielle) et sa nomination prévoit un «dégel» ou une «glasnost» iranien.

Encore un autre choix intéressant est celui du général Hossein Dehghan comme ministre de la Défense. Fidèle à la tradition, Rouhani a bien choisi un commandant du CGRI [Corps des Gardiens de la Révolution Iranienne], mais il y a deux aspects dans cette histoire : a) de toute évidence, c’est un homme très expérimenté aux plus hauts échelons du ministère de la Défense depuis plus d’un décennie depuis 1997 et arrive à un moment crucial où l’Iran fait face à des menaces militaires, et b) son expertise professionnelle est le Proche-Orient (c’est à dire le Hezbollah et la Syrie) et il a commandé les forces du CGR au Liban dans les années de formation du Hezbollah au début des années 1980.

Cela dit, Dehghan est une figure de l’establishment par excellence et il est probable qu’il ait été choisi par Khamenei, mais ensuite, il se trouve être également un membre du parti Développement et Modération de Rouhani.

En somme, comme le blogueur CNN Ali Reza Eshraghi l’a écrit, ici , le message qui sort des choix de Rouhani pour les postes ministériels est que, après les montagnes russes de la présidence Ahmadinejad, « les choses vont revenir à la normale. Cela pourrait également signifier que la vieille garde est de retour … la liste des ministres proposés peut finalement prédire l’avenir de l’Iran « .

Par MK Bhadrakumar

Traduction : Avic

http://blogs.rediff.com/mkbhadrakumar/2013/08/12/iran-becomes-predictable-under-rouhani/

Nouveau président de l’Iran – Nouvelles menaces israéliennes


netanyahou-reclame-une--ligne-rouge-claire--sur-le-nucleaire-iranien_trt-francais-4676Alarmé par les perspectives de négociations américano-iraniennes et par l’idée que la nouvelle direction islamique pourrait tracer une voie plus modérée, Israël a durci sa menace d’entreprendre une action militaire unilatérale contre le programme nucléaire iranien.

Mercredi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré que l’Iran a continué de développer son programme nucléaire, même après l’élection de Hassan Rouhani , qu’il a qualifié de « loup déguisé en agneau. »

« Le président iranien essaie de présenter une nouvelle image à l’Occident, mais les progrès dans le programme nucléaire continuent », a déclaré M. Netanyahu lors d’une visite à de nouvelles bases militaires dans le désert du Néguev. « Il nous dit que les menaces ne servent à rien. Mais la vérité est que la seule chose au cours des 20 dernières années qui ait aidé à stopper le programme nucléaire de l’Iran étaient les pressions et les menaces explicites de l’action militaire ».

Mardi, Rouhani, dans sa première conférence de presse depuis son investiture dimanche, a dit que l’Iran ne répondrait pas aux menaces. Le nouveau président iranien dit que l’Iran était prêt à entamer des pourparlers sérieux sur le nucléaire avec l’Occident, notamment avec les États-Unis, mais ne répondrait pas aux tactiques de pression.

Rouhani, un ancien négociateur nucléaire en chef de Téhéran, a lancé quelques piques sur l’influence d’Israël à Washington, sans mentionner Israël en particulier.

« Malheureusement, le lobby va-t’en-guerre des États-Unis s’oppose aux [discussions] constructives et ne protège que les intérêts du régime étranger, et reçoit souvent les ordres de ce régime », a déclaré Rouhani aux journalistes à Téhéran mardi. «Les intérêts du lobby et du régime étranger ont été imposés aux législateurs américains. Nous voyons qu’ils ignorent même les intérêts américains « .

Le changement de direction de l’Iran a été une source de préoccupation majeure en Israël.

Soupçonné d’être le seul pays du Moyen-Orient à posséder l’arme nucléaire, Israël a longtemps menacé d’entreprendre une action militaire pour empêcher l’Iran d’obtenir la bombe nucléaire. Mais Netanyahu avait atténué la rhétorique au cours des six derniers mois.

Mais l’élection de Rouhani semble avoir relancé la campagne d’Israël pour attirer l’attention internationale sur l’Iran, en menaçant de prendre des mesures miliaires unilatérales.

Mardi, un haut responsable israélien anonyme a dit à Radio Israël que le gouvernement de Netanyahu perdait foi en la promesse de l’administration Obama d’empêcher l’Iran d’obtenir des armes nucléaires. Le fonctionnaire a cité l’approche prudente de l’Amérique dans le traitement de l’utilisation présumée par la Syrie d’armes chimiques et a déclaré qu’Israël ne peut pas compter sur les assurances américaines.

Le responsable a ajouté qu’Israël était encore capable de lancer une opération militaire contre l’Iran sans le soutien opérationnel des États-Unis, bien qu’il ait reconnu que ce serait moins efficace qu’une frappe américaine.

Dans le même temps, l’ancien chef du renseignement des Forces de défense israéliennes – qui s’est déjà prononcé contre une frappe israélienne unilatérale – a déclaré mercredi que la résistance américaine à une attaque israélienne pourrait être tempérée.

Amos Yadlin, directeur de l’Institut d’études de sécurité nationale, un think tank de Tel Aviv, a déclaré à la radio de l’armée mercredi qu’il a détecté une « musique différente » de Washington sur la question. Si en 2012 les États-Unis ont maintenu « la plus brillante lumière rouge » sur une frappe israélienne, maintenant elle n’a peut-être pas viré au vert, ‘’mais elle est certainement jaune. »

Les responsables américains n’ont manifesté publiquement aucun changement dans leur opposition à une attaque israélienne, dont beaucoup craignent  qu’elle pourrait entrainer une guerre régionale.

Netanyahu et d’autres ont exprimé leur inquiétude que l’image sobre de Rouhani – un contraste frappant avec le style provocateur de son prédécesseur, Mahmoud Ahmadinejad – pourrait entraîner une diminution de la pression internationale sur l’Iran.

«Au lieu des leaders faciles à haïr par tout le monde, maintenant il y a des dirigeants en costume trois-pièces et une cravate Hermès, » a déclaré l’ancien général israélien Yoav Galant à Radio Israël mardi. « Mais [ils sont] toujours extrême sous des dehors raffinés. »

L’Iran affirme que ses efforts nucléaires sont à des fins pacifiques comme la production d’énergie et le traitement des patients atteints de cancer. Les responsables américains et israéliens [affirment qu’ils] soupçonnent que l’Iran cherche à fabriquer une bombe nucléaire.

Traduction : Avic

Batsheva Sobelman

http://www.informationclearinghouse.info/

La Russie et l’Iran: Une danse postmoderne


pour-la-russie-une-attaque-contre-liran-serait--desastreuse-_trt-francais-4439Par MK Bhadrakumar

Si, comme prévu, le président russe Vladimir Poutine entreprend le voyage à Téhéran en Août, il sera riche en symboles – même s’il devait renoncer au projet de voyage par bateau pour traverser la mer Caspienne et atteindre la rive iranienne. La concordance des intérêts des deux puissances régionales, qui sont voisines, n’a jamais été mise en doute.

De plus, cette année est aussi, par une curieuse coïncidence, le 70e anniversaire de la Conférence de Téhéran de 1943, qui a été un événement émouvant dans les relations russo-iraniennes dans leur riche tissu historique parsemée de sang et de trahison.

L’histoire des relations russo-iraniennes est magnifique. Poutine a été le seul dirigeant russe à visiter Téhéran depuis la révolution bolchevique en 1917. Pourtant, les deux pays sont des joueurs anciens sur la scène géopolitique.

Le retour de Poutine à Téhéran près de sept ans après sa triomphale première visite en 2007 surfe sur le mode de la moralité. La politique étrangère russe a bouclé la question. Poutine espère nettoyer les écuries d’Augias, en supprimant littéralement les débris qui se sont accumulés pendant les années où il n’était pas au Kremlin.

Réussira-t-il ? Certes, Poutine est une figure charismatique pour les Iraniens. Pourtant, comment ses hôtes vont-ils évaluer les intentions de Moscou? C’est cette dernière question qui fait que la mission de Poutine est difficile – et risquée.

La pomme de discorde

La «distance» qui s’est glissée dans la relation russo-iranienne doit être considérée comme un héritage de la présidence de Dimitri Medvedev (2008-2012), une période au cours de laquelle Moscou était préoccupé à explorer le contenu du « reset » avec les Etats- Unis, que le président Barack Obama avait offert sur un plateau. Les «Occidentalistes » qui occupaient le Kremlin pendant ces années considéraient  l’Iran avec dégoût et mépris.

L’Iran a pris une banquette arrière dans les priorités russes et la compréhension stratégique que Poutine avait forgée au cours de sa visite historique a commencé à s’atrophier. La Russie a continué à traîner les pieds à la commission de la centrale nucléaire de Bushehr par respect pour la démarche américaine.

Le Kremlin n’a pas résisté lorsque les Etats-Unis ont introduit le dossier nucléaire iranien comme vecteur dans la coopération russo-américaine dans le cadre du « reset ». La coopération de la Russie, membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies, était vital pour l’administration Obama pour serrer encore plus la vis à l’Iran avec ce qui s’est avéré être un régime de sanctions paralysante installé pour durer, sanctions que la plupart des pays (comme l’Inde et Japon) n’ont accepté qu’à contrecœur.

Pourtant, Moscou savait depuis le début que la question nucléaire de l’Iran soulevait certaines questions fondamentales du droit international et de la Charte des Nations Unies et portaient de profondes implications pour le fonctionnement du système international.

Moscou n’était pas sans savoir, non plus, que le vrai problème de l’Occident avec l’Iran portait sur son idéologie de la justice et de la résistance et n’avait rien à voir avec un Moyen-Orient sans armes nucléaires.

La pomme de discorde fut créée par Medvedev quand  il interpréta les sanctions de l’ONU comme une obligation pour la Russie de résilier unilatéralement les accords signés en 2007 pour la fourniture des missiles S-300, sur lesquels Téhéran comptait de manière cruciale pour sa défense contre les attaques aériennes américaines et / ou israéliennes.

Medvedev a pris la « décision finale » d’abandonner l’affaire sous la pression américaine et le Kremlin passa outre la perception qui prévalait parmi les sections influentes de l’establishment de Moscou qui, eux, pensaient que la Russie pouvait encore remplir ses obligations contractuelles vis-à-vis de l’Iran.

Le chef du Comité international de la Douma, Konstantin Kosachyov a dit: «Huit articles ont été ajoutés dans la liste [des Nations Unies] de l’armement concerné par les sanctions. Cependant, il n’existe aucun système défensif, tel que les missiles S-300, sur cette liste. La résolution de [l’ONU]  n’a aucun effet direct sur la Russie « .

En regardant en arrière, le Quotidien du Peuple n’était pas loin de la vérité quand il avait noté avec ironie dans un commentaire à cette époque que « les contradictions abondent sur les intentions de Moscou envers l’Iran ». En effet, sans ce grand coup de pouce de la Russie, les Etats-Unis n’auraient jamais été en mesure de transférer le dossier iranien à l’ONU.

Saisir l’instant

Aujourd’hui, le bilan du « reset » raconte une histoire en soi. L’Organisation du Traité de Sécurité Collective reste un paria dans la guerre de l’OTAN en Afghanistan. L’indépendance du Kosovo a été célébrée.

L’OTAN a lancé son filet sur l’espace post-soviétique et continue à avancer vers les frontières de la Russie, et pourrait arriver dans le Caucase. Les États-Unis ont juré de saboter le projet de l’Union Eurasie de Moscou. Bien sûr, la Russie ne pouvait pas empêcher le «changement de régime» en Libye et ses objections contre le système de défense antimissile américain restent ignorées.

Qu’il suffise de dire qu’il y a un contexte complexe dans la dernière initiative de la Russie de se réconcilier avec l’Iran. Le badinage de la Russie avec le « reset » ont profondément blessé l’Iran à un moment où il avait besoin de toutes les amitiés sur lesquelles il pouvait compter pour conjurer la pression incessante des États-Unis. Mais malgré tout cela, l’Iran a survécu.

Une attaque militaire contre l’Iran n’est plus concevable, sauf à des coûts énormes et les risques gigantesques à l’échelle régionale et il est plus que probable que l’impasse US-Iran se dirigera vers des négociations.

Des négociations directes américano-iraniennes sont sur les cartes. Par conséquent, la Russie est en train de faire la chose qu’il fallait faire : «saisir l’instant. » Poutine sera le premier chef d’Etat en visite à la présidence Rouhani.

D’autre part, la compréhension et le soutien de la Russie pourraient contribuer à créer un espace qui permettra à l’Iran de négocier avec les États-Unis de façon plus optimale. Du point de vue iranien, la reprise de confiance récente de la Russie en tant que membre détenteur de veto du Conseil de sécurité de l’ONU est une tendance encourageante. Le ferme refus de la Russie d’approuver récemment un rapport de l’ONU critiquant des essais de missiles iraniens a pratiquement exclu toute extension du régime des sanctions.

Cependant, le retour en arrière de Russie sur l’affaire des missiles S-300 assombrit toujours le climat. L’Iran a déposé une réclamation  de 4 milliards de dollars de dommages contre la Russie devant le tribunal d’arbitrage international à Genève. La cause de l’Iran est bonne, mais la vraie issue est politique – une crise de confiance survenue dans les relations lorsque Medvedev a publié, le 22 Septembre 2010, le décret annulant unilatéralement la livraison des S-300 et une foule d’autres contrats pour la fourniture d’armes à l’Iran ainsi que l’interdiction de l’entrée et le transit via Russie pour un certain nombre de ressortissants iraniens liés au programme nucléaire du pays, et l’interdiction à des personnes physiques et morales russes de rendre des services financiers en relation avec des activités nucléaires iraniennes.

Le Ministre de la Défense iranien, le général Ahmad Vahidi, avait presque instantanément commenté le décret de Medvedev en une critique acide, en disant qu’il a montré «qu’on ne peut leur [les Russes] faire confiance, ce que nous savions déjà», et l’embargo est la preuve que la Russie « ne peut pas agir de façon indépendante, même lorsqu’il s’agit d’une question aussi simple ».

Le journal russe Kommersant a rapporté, le mercredi de cette semaine, citant des sources du ministère des Affaires étrangères à Moscou que Poutine offrirait à Téhéran un autre système de défense aérienne, Antey-2500, qui pourrait s’avérer être pour l’Iran une heureuse substitution au S-300.

L’Antey-2500 est un système d’arme redoutable, qui peut simultanément détruire jusqu’à 24 avions dans une zone de 200 kilomètres ou intercepter jusqu’à 16 missiles balistiques. On peut dire que le système est spécialement conçu pour les besoins des forces terrestres et peut répondre aux exigences de l’Iran.

Kommersant a également signalé que Poutine discutera du programme d’expansion de la centrale nucléaire de Bushehr. D’autres rapports indiquent que les physiciens nucléaires iraniens ont repris leurs études dans des institutions russes. Il y a une semaine, la Russie a tenu, cas rare, un exercice naval avec l’Iran dans la mer Caspienne.

Lors de la récente visite du président iranien Mahmoud Ahmadinejad à Moscou dans le cadre de la réunion au sommet des pays producteurs de gaz, des discussions ont eu lieu concernant la coopération dans le domaine de l’énergie.

Un solide pragmatisme

La Russie et l’Iran sont de grands praticiens de la diplomatie, mais avec tout le pragmatisme sans faille dont ils disposent, ce n’est pas une tâche facile que Poutine a entreprise en essayant de relancer la confiance dans les relations russo-iraniennes.

En fait, le fondement d’un accord stratégique entre les deux puissances régionales pour aller de l’avant devient nécessaire. Par exemple, l’impulsion pour la politique de l’Iran en Syrie est dérivée de la politique régionale du Moyen-Orient et il est difficile de savoir si et dans quelle mesure Moscou est prêt à s’identifier à elle.

Certes, le président nouvellement élu, Hassan Rouhani, a souligné à maintes reprises que les relations de l’Iran avec les Etats régionaux seront la priorité de sa politique étrangère. Des changements majeurs sont à prévoir dans les liens de l’Iran avec les Etats du Golfe, notamment l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. L’approche prudente par Téhéran à l’égard des événements en Egypte souligne la réflexion en ce sens.

De même, les lignes se déplacent dans les relations russo-américaines. En dépit de la démagogie sur le cas d’Edward Snowden, le lanceur d’alerte,  ex-sous-traitant de la CIA, Moscou a pris soin de ne pas lézarder les équations avec l’administration de Barack Obama.

La dernière chose que l’Iran voudrait est de se voir considéré comme monnaie d’échange dans la détente américano-russe. Rouhani reprend à son compte la politique du ‘’regard tourné vers l’est’’ d’’Ahmadinejad, « l’Iran a dû compter sur les politiques de pays comme la Russie, la Chine et l’Inde sur la scène internationale. » Cite le nouveau président iranien. Mais il rajoute :

« En dépit de la politique de ‘’regard tourné vers l’est’’ de l’Iran, la Russie a trouvé ses intérêts dans le renforcement de ses relations avec l’Occident. Le soutien des résolutions de sanctions contre l’Iran au Conseil de sécurité et la suspension de certains engagements militaires de la Russie ont été quelques-unes des mesures anti-iraniennes de la Russie. L’utilisation de la carte l’Iran dans son jeu avec l’Occident et en particulier avec les États-Unis a toujours été bénéfique pour la Russie ».

Cela dit, les experts russes sont réalistes concernant Rouhani et le considèrent comme un membre «modérée» de l’élite religieuse au pouvoir en Iran – « prêt à faire des compromis avec le monde et se rendre compte que s’en prendre à des moulins à vent tout le temps ne sert à rien», pour reprendre les mots de l’éminent savant Vitaly Naumkin, directeur de l’Institut d’études orientales de l’Académie des sciences de Russie.

Il y a un optimisme prudent parmi les experts de Moscou qui pensent qu’un «dégel» dans les relations entre l’Iran et l’Occident ne signifie pas nécessairement un revers pour les intérêts russes. L’estimation que tout dégel ne pourra être que limité et ne se fera que de manière progressive, puisque le « régime iranien ne pourra pas renoncer immédiatement à toutes ses valeurs fondamentales qui provoquent le mécontentement en Occident», comme l’a noté Naumkin.

Il faut dire que l’Iran n’est pas perçu à Moscou comme une source d’extrémisme religieux et la Russie ne fait face à aucune menace de l’extrémisme chiite. En principe, donc, il n’y a pas d’obstacles à la coopération russo-iranienne. Le défi réside dans la construction d’une complémentarité d’intérêts.

La classe moyenne iranienne et technocrates préfèrent la technologie occidentale – et les élites russes (à la différence des « orientalistes » soviétiques) n’ont pas de réelle passion pour l’Iran. Dans le même temps, la Chine est imbattable en tant que partenaire commercial et source d’investissement pour l’Iran.

Lorsque l’Iran s’ouvrira pour ses exportations de gaz, il pourrait même créer quelques brûlures d’estomac à Moscou dans la mesure où ces exportations pourraient atteindre un jour le marché européen et rivaliser avec les fournitures russes. L’avantage pour la Russie réside dans deux domaines principaux – la coopération militaire et nucléaire.

En même temps, la Russie diversifie également ses relations avec les pays de la région, ce qui signifie qu’un partenariat privilégié avec l’Iran ne peut pas se faire au détriment de ses liens florissants avec la Turquie ou Israël. En somme, les deux puissances régionales avancent à tâtons vers une relation post-moderne, contrairement à ce qu’ils ont connu auparavant.

Ambassadeur MK Bhadrakumar a servi en tant que diplomate de carrière dans les services extérieurs indiens pendant plus de 29 ans, avec des postes dont celui d’ambassadeur de l’Inde en Ouzbékistan (1995-1998) et en Turquie (1998-2001).

Traduction : Avic

http://www.atimes.com/atimes/Central_Asia/CEN-01-260713.html

 

Poutine à Téhéran pour parler S300… et la Syrie ?


302355_orig-cb5aeSelon le journal russe Kommersant, le président russe Vladimir Poutine s’apprête à se rendre à Téhéran pour parler de plusieurs dossiers, dont celui de nucléaire et des missiles S300.

Il sera en visite officielle juste après l’investiture du nouveau président iranien, Rohani sur le mandat duquel il mise énormement pour faire avancer les négociations autour du nucléaire iranien. En effet la Russie semble être sollicitée par Téhéran pour construire une nouvelle phase de la centrale atomique de Bouchehr « . Selon le journal, au cours de cette visite,  » il sera également question de la livraison d’un nouveau système de missiles anti-aériens en lieu et place des S300 à l’Iran ».

Le refus de Moscou de livrer les S300 à Téhéran en dépit du contrat signé en ce sens avec les Iraniens et de l’argent versé par la partie iranienne continue à envenimer les relations bilatérales.  » Pour les experts, la perspective des liens de part et d’autre sont prometteuses mais non sans risque ». Une source bien informée au ministère iranien des AE a fixé entre 12 et 13 août la date de cette visite importante. Mais le Kremlin dit n’avoir pris aucune décision au sujet de la durée de cette visite et que tout dépendra de l’agenda des discussions.

La dernière visite de Poutine en Iran date de 2007 où il s’est rendu à Téhéran pour participer au sommet des pays riverains de la mer Caspienne. A l’époque il s’est entretenu avec le Guide suprême de la Révolution islamique  et le président Ahmadinejad. Ce fut une visite historique puisqu’aucun dirigeant russe ne s’était déplacé en Iran depuis 1943. Les relations Téhéran/Moscou ont connu un embelli à l’époque de Poutine pour se refroidir à l’époque de son successeur Medvedev, l’homme qui a annulé unilatéralement le contrat de vente des S300 à l’Iran.

Que le président Poutine se rend en Iran juste après l’investiture de Rohani , cela signife une consolidation des rapports bilatéraux . Car le président russe est le premier dirigeant étranger à rencontrer le président Rohani. Le nucléaire figurera en bonne place au menu des discussions . En juin Poutine a mis l’accent sur le droit iranien à faire un usage civil du nucléaire et celui de l’Iran est en effet civil. Les commentaires ne parlent pas pour le moment du rapport que pourrait exister entre cette visite et le soutien irano-russe au président Assad. Il est vrai qu’à la lumière de la crise syrienne ,les relations Téhéran-Moscou se sont consolidées et les deux pays se regardent désormais à titre de partenaires stratégiques incontournables.

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