Archives du mot-clé ONU

La Syrie face à la diplomatie des hyènes !


Bachar al-Jaafari
Bachar al-Jaafari

Le samedi 22 février 2014, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté à l’unanimité la résolution humanitaire 2139 [1]. Le vote du texte initialement présenté par l’Australie, le Luxembourg et la Jordanie, et soutenu par la Grande Bretagne, les États-Unis et la France ayant été reporté de quelques jours par la Russie, qui aurait menacé de son veto avant modification. Des voix s’élèvent, toujours les mêmes, pour exprimer leurs doutes quant à son efficacité en raison de l’absence de sanctions automatiques, pour prétendre que l’attitude intransigeante du « régime » syrien a conduit à la clôture de la deuxième session des négociations de Genève 2 sans avancées, et même pour continuer à affirmer – désormais, contre toute vraisemblance – que les terroristes qui sévissent en Syrie « sont les complices du régime syrien » [2] ! Lire la suite La Syrie face à la diplomatie des hyènes !

Washington peut-il renverser trois gouvernements à la fois


La puissance d’un État se mesure à sa capacité à se défendre et à celle d’attaquer sur un ou plusieurs fronts. Dans cette optique, Washington tente pour la première fois de montrer qu’il peut renverser trois gouvernements simultanément, en Syrie, en Ukraine et au Venezuela. S’il y parvenait personne ne serait plus en mesure de lui résister. Lire la suite Washington peut-il renverser trois gouvernements à la fois

Le coup de maître de l’axe de la résistance à la conférence de Genève 2


20140221Mouallem-LavrovLa conférence de Genève 2 s’est terminée sur un échec, selon les divers analyses et commentaires parus dans les médias. Le constat d’échec semble d’autant plus évident qu’aussitôt la conférence terminée, les principaux acteurs occidentaux se précipitaient pour l’annoncer dans des déclarations dépitées accusant la délégation syrienne d’en être la cause. A les entendre, il y a eu échec à la recherche de la paix en Syrie. Lire la suite Le coup de maître de l’axe de la résistance à la conférence de Genève 2

Syrie : Quoi d’autre après l’échec US à la Conférence de Genève 2 ?


Tribune libre

no_habra_negociacion_directa_entre_la_oposicion_siria_y_al_assad_0010612159Par Amin Hoteit

Il n’y a de réussite qu’à partir de la vérité ! [Charles de Gaulle].

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L’Administration étatsunienne s’est imaginée que ses manigances ourdies dans l’arrière cour de Genève 2 mèneraient inévitablement à piéger l’État syrien, et son Axe de la Résistance, pour atteindre les objectifs qu’elle s’était fixée lorsqu’elle a lancé son agression contre la Syrie voilà bientôt trois années. Lire la suite Syrie : Quoi d’autre après l’échec US à la Conférence de Genève 2 ?

Bientôt, il devrait être possible d’inverser le processus du vieillissement chez l’être humain


vieillissement-655x400L’évolution de la longévité de notre espèce humaine est une histoire fascinante et qui mérite d’être rappelée car elle fait souvent l’objet d’une connaissance approximative, parsemée d’idées reçues.

On estime qu’au début de l’ère chrétienne, l’espérance de vie à la naissance n’était encore que d’environ 25 ans et il a fallu attendre le début de la révolution industrielle, à la fin du XVIIIe siècle, pour que cette espérance de vie gagne une décennie et atteigne les 35 ans en Europe. Lire la suite Bientôt, il devrait être possible d’inverser le processus du vieillissement chez l’être humain

L’éléphant saoudien dans un magasin de porcelaine arabe


Tribune de Byblos

MAE-Arabie-SaouditePrise dans son obsession de la « menace iranienne », qui l’a conduite à adopter une attitude belliciste vis-à-vis de la Syrie, l’Arabie Saoudite se comporte comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, perturbant sérieusement l’environnement politique d’ores et déjà délicat dans le monde arabe. Elle déclenche ce que George Joffé, chercheur au Centre d’Études Internationales de l’Université de Cambridge, qualifiait le 30 décembre dernier de « seconde guerre froide arabe », la première étant celle menée depuis les années 1960 par l’Arabie Saoudite contre le panarabisme égyptien de Gamal Abdel Nasser. Lire la suite L’éléphant saoudien dans un magasin de porcelaine arabe

Les Syriens sont en colère et n’attendent plus grand-chose de Genève 2 !


NB-9102-635230765562134591Par Fayçal al-Mikdad

La deuxième session de Genève 2 a débuté par un énième massacre qui a emporté 42 citoyens syriens à « Maan », petit village dans la banlieue Nord Est de Hama [1]. Des femmes, des personnes âgées et des enfants immolés et passés au fil de l’épée wahhabite, pour que les négociations du lendemain soient perturbées par la propagande mensongère qui tue tout espoir de paix. Lire la suite Les Syriens sont en colère et n’attendent plus grand-chose de Genève 2 !

La France va-t-en-guerre


Tribune libre Palestine AlQuds_15

Afghanistan France HollandeJ’avoue être passablement surpris, pour ne pas dire agacé, par l’empressement de François Hollande à engager en première ligne les troupes françaises sur divers terrains d’opération. Il s’inscrit en cela dans la lignée de son prédécesseur à l’Élysée qui, en décidant en 2007 (avec une mise en œuvre effective en 2009) de réintégrer le commandement intégré de l’OTAN quitté en 1966, a donné une nouvelle orientation à la politique étrangère française. Lire la suite La France va-t-en-guerre

Le chaos centrafricain en quelques lignes


Armée-Francaise-BanguiQui l’eut cru ? Le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian vient d’annoncer une prolongation « vraisemblable » du mandat des forces françaises en Centrafrique par l’ONU au-delà de la période des six mois prévus. A mon avis, ils devraient arrêter de se casser la tête à faire des prévisions, quand on sait qu’ils sont installés pour longtemps et l’ont toujours été depuis l’indépendance de ce pauvre pays. Lire la suite Le chaos centrafricain en quelques lignes

Un courageux journaliste pose à Laurent Fabius « la question qui tue » !


Laurent Fabius ESSEC5Non seulement Laurent Fabius persiste dans son mensonge au sujet des gaz chimiques, mais il en rajoute. Il affirme que l’ONU avait dit que le massacre pouvait être attribué aux responsables syriens. Ce qui est complètement faux, pour la bonne et simple raison que la mission de l’ONU n’était pas de chercher des coupables mais d’établir la réalité de l’utilisation des armes chimiques.

Il affirme également que Bachar Al Assad avait nié posséder des armes chimiques deux jours avant (et il insiste : deux jours avant !). Comment peut-il alors expliquer tout le cinéma qu’ils avaient fait, lui et ses copains, après la déclaration du gouvernement syrien quelques mois plus tôt, selon laquelle la Syrie n’utiliserait ses armes chimiques que contre une agression extérieure ? Lire la suite Un courageux journaliste pose à Laurent Fabius « la question qui tue » !

L’Europe, c’est la paix ?


Tribune libre Résistance

???????????????????????????????L’Europe, c’est la paix ? C’est en tout cas ce que l’on veut absolument nous faire croire. Parce qu’être contre l’Europe, c’est être pour la guerre !

Certes, depuis près de 70 ans, il n’y a pas eu d’affrontement militaire entre pays européens. Mais il y a de bonnes raisons à cela, et qui n’ont rien à voir avec un quelconque désir de paix, bien au contraire ! Car qui viendrait prétendre que nous vivons dans un monde pacifique ? Lire la suite L’Europe, c’est la paix ?

L’ONU, la nouvelle Société des Nations ?


Hailé Sélassié à la Société des Nations
Hailé Sélassié à la Société des Nations

L’ONU subira-t-elle le sort de la Société Des Nations ? Avec la conférence de Genève 2 elle vient de faire un grand pas décisif dans ce sens. Mais à la différence de la SDN, l’ONU ne disparaitra pas en catimini, vite remplacée par une autre organisation ‘’internationale’’ taillée sur mesure pour une poignée de puissances hégémoniques. Ce qu’il y a de nouveau, c’est que tout le monde voit et comprend aujourd’hui ce que seuls quelques personnes comme le Général de Gaulle avaient vu et compris en leur temps. Toutes les organisations internationales, sans exception, ont révélé leur vraie nature : des outils pour l’impérialisme. Lire la suite L’ONU, la nouvelle Société des Nations ?

Le gouvernement allemand étend sa mission militaire en Afrique


0,,16519384_303,00Selon des articles parus dans le Süddeutsche Zeitung et Spiegel Online, Berlin veut étendre massivement la participation allemande aux opérations militaires en Afrique. Ces comptes rendus relatent que la coalition gouvernementale entre les chrétiens démocrates et les sociaux-démocrates est en train de planifier une massive extension de la mission allemande au Mali. Lire la suite Le gouvernement allemand étend sa mission militaire en Afrique

Genève 2 : Le piège diplomatique tendu à l’Iran s’est refermé sur sa proie


ob_9d0a3e_ban-ki-moonunNous venons d’assister aujourd’hui, à un incroyable jeu diplomatique dans l’enceinte onusienne qui s’est soldé par l’éviction de l’Iran pour le 1er jour des négociations à Montreux le 22 janvier. Pour le moment rien n’est indiqué concernant la suite des négociations comme l’indique le communiqué de l’ONU – contexte en français : Lire la suite Genève 2 : Le piège diplomatique tendu à l’Iran s’est refermé sur sa proie

Réchauffement climatique : les prédictions d’Al Gore… et la réalité


Algore-temperatureEn 2007, 2008 et 2009, Gore prévenait publiquement, très hystériquement, qu’« il n’y aurait plus de glace » au pôle Nord d’ici 2013 environ en raison du présumé « réchauffement climatique d’origine humaine ». En se référant aux experts du « climat », la BBC, financée par le gouvernement, attisa l’hystérie collective avec un article aujourd’hui embarrassant, dont le titre était : « Des étés arctiques sans glace ‘avant 2013′. » D’autres médias officiels relayèrent la même information. Lire la suite Réchauffement climatique : les prédictions d’Al Gore… et la réalité

Les Dieux Européens sont tombés sur la tête !


Par Caro

Le "Caprice des dieux", un des bâtiments du Parlement européen à Bruxelles
Le « Caprice des dieux », un des bâtiments du Parlement européen à Bruxelles

Une Femen qui urine dans une Eglise en mimant un avortement,  ce qui n’entraine aucune réaction de Notre Ministre de L’intérieur en charge du respect de la laicité  (1) .

Une loi de programmation militaire qui instaure un « patriot act »  en  récusant toutes les libertés individuelles et la première d’entre elles , le droit à la vie privée, une foi de plus dans le plus total silence médiatique. (2) Lire la suite Les Dieux Européens sont tombés sur la tête !

Histoire d’une réussite : le réchauffement climatique


Polar Bear by Carla Lombardo Ehrlich-882919Les idées, les conceptions, on le sait, ont une histoire. Elles naissent, se développent, vieillissent et meurent plus ou moins vite dans un contexte économique, social, politique et culturel déterminé. Elles sont, à un certain moment de l’histoire d’un groupe social l’expression de ses besoins, de ses attentes, de ses angoisses. Elles ont des parents, une famille, portent l’empreinte de cet héritage et remplissent une fonction. Le décodage de cette génétique en dehors de tout présupposé idéologique ou partisan, apporte, souvent, un éclairage intéressant. Le réchauffement climatique n’échappe pas à cette règle. Lire la suite Histoire d’une réussite : le réchauffement climatique

Trafic d’organes au Kosovo : les amis de Bernard Kouchner arrêtés les uns après les autres


5-decembre-1992-bernard-kouchner-sac-de-riz-sur-lepaule-afpL’enquête concernant le trafic d’organes au Kosovo progresse enfin, et l’étau se resserre progressivement autour des principaux responsables. Fin avril, la justice européenne a condamné cinq médecins kosovars, à des peines allant jusqu’à huit ans de prison, pour leur implication dans un réseau de trafic d’organes humains dont la plaque tournante était une clinique de la banlieue de Pristina (capitale de cette province). Deux mandats d’arrêt ont été émis à l’encontre de deux autres suspects, un chirurgien turc, et le cerveau présumé du réseau, l’Israélien Moshe Harel. La plupart des commandes provenant d’Israël. Lire la suite Trafic d’organes au Kosovo : les amis de Bernard Kouchner arrêtés les uns après les autres

QU’EST-CE QUE LE SIONISME ?


chant.d.amour.de.pepereUne mafia qui empêche la liberté de pensée démocratique par des moyens coercitifs ! Toutes les idéologies peuvent être critiquées ouvertement, être mises en question, et soumises à l’analyse. Mais il y a une exception : le sionisme.
Chaque critique consciencieux du sionisme est considéré comme  » antisémite « , comme ayant de la haine envers les juifs, un mépris pour les juifs en tant que peuple. Dans ces conditions, la liberté de pensée n’existe pas en ce qui concerne le sionisme. Lire la suite QU’EST-CE QUE LE SIONISME ?

Brésil : une incroyable (et énorme) erreur géopolitique – Par Atilio Boron


ob_c7b032_rafale-indexUne des conséquences les plus inattendue de la crise dans les relations entre le Brésil et les Etats-Unis, la même qui fut à l’origine du dur discours de la présidente Dilma Roussef à l’Assemblée Générale de l’ONU et de l’abandon de la « visite d’état » à Washington – programmée pour octobre de cette année – s’est répercutée directement sur un sujet qui tournait sur les bureaux officiels de Brasilia depuis 2005 et qui, jusqu’il y a quelques jours restait irrésolu : la très controversée rénovation de la flotte de 36 avions de chasse dont le Brésil a besoin pour contrôler son espace aérien, et principalement celui de l’énorme corne amazonienne et sub-amazonienne. Lire la suite Brésil : une incroyable (et énorme) erreur géopolitique – Par Atilio Boron

Pour le Nouvel An, une énième résolution de l’ONU qu’on ne tiendra jamais, à moins que…


525565-generalassemblyAssemblée générale

AG/11478

20/12/2013

Souveraineté permanente du peuple palestinien dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et de la population arabe dans le Golan syrien occupé sur leurs ressources naturelles (A/68/446) Lire la suite Pour le Nouvel An, une énième résolution de l’ONU qu’on ne tiendra jamais, à moins que…

République centrafricaine : Les raisons cachées de l’intervention française


Des membres de la Séléka, à Bossangoa, le 25 novembre 2013
Des membres de la Séléka, à Bossangoa, le 25 novembre 2013

Contrairement à l’« impératif humanitaire » agité par le président François Hollande, l’« Opération Sanguiris » menée par 1200 soldats français vise à contrer l’arrivée des Chinois et surtout à contrôler les réserves d’or, de diamant et d’uranium présentes dans le sous sol de la Centrafrique. Un pays plus grand que la France et Belgique réunies et où Areva, Total, Bolloré, France Télécom… dictent déjà la loi, malgré les atrocités. Lire la suite République centrafricaine : Les raisons cachées de l’intervention française

Vidéo exclusive. Une télévision russe démonte l’opération française en Centrafrique


c891c293ceaee19b59df5d6b08f13902La chaîne de télévision Russe, proRussia TV nous apporte un éclairage alternatif sur l’intervention française en Centrafrique. L’intégralité de leur analyse:

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Le trouble jeu de la France en Centre-Afrique : n’est-elle plus qu’une simple compagnie de CRS de l’Oncle Sam ? Lire la suite Vidéo exclusive. Une télévision russe démonte l’opération française en Centrafrique

Guerre de Corée : Influence majeure d’un agent de la CIA à partir de 1951 et mensonges sur la guerre chimique (documents)


ob_7c5874_coree-38paralleleUne énorme quantité de documents déclassifiés (récents ou moins récents) permet de mieux appréhender les enjeux de la guerre de Corée (1950-1953) et notamment le rôle de la CIA, ce qu’il en ressort est impressionnant : L’influence des États-Unis en Corée par le biais d’un agent sous couverture à proximité du président sud-coréen, des mensonges publics sur la guerre chimique menée. Plus de 60 ans après la fin de la guerre on commence à en apprendre de belles… Lire la suite Guerre de Corée : Influence majeure d’un agent de la CIA à partir de 1951 et mensonges sur la guerre chimique (documents)

Espagne : le retour du Franquisme ?


manifestation-espagne_pics_809L’Espagne vient de créer près de 32 infractions nouvelles infractions à sa législation pénale relative à la sécurité civile, dans ce que les opposants dénoncent déjà comme une loi visant à réprimer l’opposition suscitée par la situation économique espagnole. Lire la suite Espagne : le retour du Franquisme ?

République centrafricaine. La France peut achever les travaux de pillage


Tribune libre Résistant

Crise-en-Centrafrique-quelle-reponse-militaire_article_landscape_pm_v8On risque un « génocide » en République centrafricaine. L’alarme a été donnée par la France qui, après des mois de silence, a demandé en toute hâte à l’ONU d’agir rapidement. La situation dans ce pays est dramatique. Lire la suite République centrafricaine. La France peut achever les travaux de pillage

La résistance au quotidien des pécheurs de Gaza


Tribune libre Résistance

pecheur-gazaSelon un vieux proverbe, on ne manque jamais de ressources dans une ville côtière. Si on peut souvent en vérifier la justesse, il ne s’applique pourtant pas à Gaza. Ses pécheurs n’ont aucun contrôle de leurs eaux territoriales et peuvent à tout moment être privés du fruit de leur travail et de leurs bateaux. Il leur arrive même parfois d’être privés du droit de sortir en mer pour assurer leur propre subsistance. Lire la suite La résistance au quotidien des pécheurs de Gaza

L’AIEA est prête à clore le dossier nucleaire iranien


Iran-IAEATéhéran, l’AIEA et six intermédiares internationaux qui participent aux négociations sur le problème nucléaire iranien, sont sur le point de clore le « dossier nucléaire » iranien. Le round décisif des consultations avec les experts de l’AIEA aura lieu le 11 novembre à Téhéran mais avant cela, les 7-8 novembre à Vienne, les « six » (cinq membres permanents du CS de l’ONU et l’Allemagne) devront harmoniser avec Téhéran la nouvelle approche de la solution du problème.

Toutes les dernières propositions faites par l’Iran à l’AIEA sont strictement confidentielles. Les déclarations des officiels américains et des représentants de l’UE montrent cependant que ce processus qui semblait s’enliser commence enfin à bouger du point mort. James Carney, secrétaire de presse de la Maison Blanche, a, par exemple, déclaré que l’Iran avait fait « une nouvelle proposition sérieuse et cohérente que nous n’avons jamais vue auparavant ».

A son tour, Catherine Ashton, la coordinatrice de la politique extérieure de l’UE, a qualifié le dernier round de Vienne (30-31 octobre) des consultations avec les négociateurs iraniens de « plus productif de tous ».

A en juger par quelques informations fort incomplètes qui se sont infiltrées dans les journaux, le problème nucléaire iranien perdra son statut militaire pour devenir technologique. On apprend des sources diplomatiques à Vienne que l’Iran et l’AIEA ont décidé de renoncer à l’ancien dossier sur l’évaluation de l’éventuel volet militaire du programme nucléaire de la République Islamique. « Ce travail doit aboutir sur la normalisation des relations entre l’Iran et l’Agence et le retrait de la question iranienne de l’agenda de chacune des réunions du Conseil des gestionnaires », rapportent les journaux de Vienne en citant un diplomate qui participe aux négociations. « L’Iran doit être surveillé par l’AIEA au même titre que les autres pays dans le cadre de ses activités de contrôle ». Cela signifie en fait la clôture du « dossier nucléaire iranien ».

Il est pour le moment difficile de dire quelles concessions précisément ont été faites par l’Iran aux six intermédiaires. On peut seulement supposer qu’elles ont été de taille sinon les « six » ne feraient pas preuve d’un tel optimisme.

Les experts russes estiment que cette évolution fait suite au changement de la position de Washington. En effet, après les scandales de la surveillance globale qui ont entaché sa réputation, le président Obama a vitalement besoin d’initiatives de rupture en politique extérieure. La clôture du « dossier nucléaire » iranien et la normalisation des relations avec Téhéran lui offrent une occasion rêvée, d’autant plus que tant les démocrates que les républicains y exhortent depuis longtemps la Maison Blanche.

Tout porte à croire que le « dossier nucléaire » iranien sera réellement clos mais cela ne signifie pas que cessera le programme nucléaire iranien, a confié à La Voix de la Russiele professeur de l’Université militaire russe Oleg Koulakov. Le fait est que les États-Unis sont en train de revoir entièrement la politique qu’ils appliquaient depuis des dizaines d’année à l’égard de l’Iran, ce qui amènera forcément une restructuration des relations avec tous les pays de la région dont l’Arabie Saoudite et Israël.

Les États-Unis procéderont à une reconfiguration des relations avec tout le monde y compris avec Téhéran. Les changements qui s’opèrent actuellement dans les relations entre l’Iran, L’AIE et les États-Unis eux-mêmes, s’expliquent par le simple fait qu’il vaut mieux ne pas pas regarder le programme nucléaire iranien à la loupe. Tous comprennent que le programme nucléaire porte déjà un caractéte irréversible pour l’Iran et qu’il ne sert à rien d’en discuter parce que le pont de non-retour a été franchi.

Le « dossier nucléaire » iranien sera vraisemblablement clos. D’une part, avec l’avènement au pouvoir du président réformateur modéré Hassan Rohani, Téhéran est prêt à faire des concessions à la communauté internationale. D’autre part, même les conservateurs américains sont las des lenteurs des négociations sur le problème nucléaire, a dit à La Voix de la Russie Andreï Volodine, directeur du Centre d’études orientales de l’Académie diplomatique russe :

« Les États-Unis sont en rupture de toutes les relations avec l’Iran depuis les années 1980 du dernier siècle sans en tirer de dividendes politiques. Leurs alliés européens gémissent littéralement à cause des sanctions et de l’embargo sur le commerce avec l’Iran. A son tour, dans le tourbillon des révolutions et de « l’éveil arabe », l’Arabie Saoudite a perdu le contrôle du Proche et du Moyen-Orient et devra se soumettre forcément aux décisions que prendront les États-Unis. »

L’Iran a commencé à développer son nucléaire aussi loin que dans les années 1960 avec l’aide des États-Unis, d’Allemagne et de France. Après l’avènement au pouvoir en 1979 de l’ayattollah Khamenei, il a déclaré que le taux d’enrichissement d’uranium ne serait pas supérieur à 20%. C’est la classe des matériux fissiles pour la production d’énergie et la recherche. Pourtant, Israël estime qu’il est capable de l’enrichir à 90% sous 90 jours ce qui est en principe suffisant pour se fabriquer la bombe nucléaire. Les experts russes estiment quant à eux que cela lui prendra entre 5 et 10 ans.

On voit en fait que les ambitions nucléaires iraniennes évoluent progressivement comme au Japon. Tokyo maîtrise le cycle complet des technologies nucléaires mais se refuse à fabriquer les armes. Il n’en reste pas moins qu’il pourrait en produire en cas de besoin.

La Russie est de retour


Moscow_05-2012_Kremlin_23Tandis que les révélations sur l’espionnage systématique de ses alliés embarrassent Washington, Moscou paraît aligner les succès sur la scène internationale (affaire Snowden, question syrienne). Héritière d’une diplomatie redoutée mais affaiblie depuis la chute de l’URSS, la Russie ambitionne de retrouver son rang de grande puissance.

Au cours des derniers mois, le président russe, Vladimir Poutine, a remporté deux succès majeurs sur la scène internationale. Au mois d’août 2013, il a offert l’asile à l’informaticien américain Edward Snowden, auteur de fuites retentissantes sur les systèmes de surveillance numérique de l’Agence nationale de sécurité (National Security Agency, NSA). Il a alors pu se targuer du fait que la Russie était le seul Etat capable de résister aux exigences de Washington. La Chine elle-même s’était défilée, suivie par le Venezuela, l’Equateur et Cuba, qui ont multiplié les faux-fuyants.

Paradoxalement, les pressions exercées par le vice-président Joseph Biden et par le président Barack Obama auprès des gouvernements tentés d’accueillir le jeune Américain ont largement contribué au succès de M. Poutine. Washington a agi comme si M. Snowden représentait un risque de sécurité presque comparable à celui qu’incarnait l’ancien dirigeant d’Al-Qaida, Oussama Ben Laden. Il a même obtenu de ses alliés qu’ils interdisent leur espace aérien à l’avion du président bolivien, Evo Morales (1), suspecté de transporter l’informaticien. Une telle atmosphère a contribué à mettre en relief l’« audace » de M. Poutine, tant sur la scène politique russe qu’à l’international. A Moscou, nombre de ses opposants ont salué son geste, au nom de la défense des droits et des libertés civiles.

Vladimir-Poutine-1-9Mais le véritable succès de M. Poutine, d’une portée bien supérieure, a été remporté dans le dossier syrien. Grâce à la promesse qu’il a arrachée à M. Bachar Al-Assad de détruire, sous contrôle international, toutes les armes chimiques de son pays, M. Obama a en effet décidé de renoncer « provisoirement » aux bombardements punitifs qu’il envisageait. Jusque-là, la Maison Blanche avait menacé la Russie d’isolement, la vilipendant pour son soutien au régime de Damas et son opposition à toute sanction de l’Organisation des Nations unies (ONU).

Or M. Poutine apparaît aujourd’hui comme l’homme d’Etat qui est parvenu à éviter une expédition militaire aux conséquences redoutées. Là encore, sa victoire a été facilitée par les mauvais calculs de l’administration américaine. Après avoir essuyé le refus du Royaume-Uni de s’associer à l’opération qu’il envisageait, M. Obama était sur le point de connaître un second échec, aux conséquences imprévisibles, dans sa tentative d’obtenir l’aval du Congrès américain.

Bien qu’« incroyablement limitées », selon les termes du secrétaire d’Etat John Kerry (2) le 9 septembre 2013, les représailles militaires auxquelles il s’était rallié pour des raisons de crédibilité lui répugnaient notoirement. Au lendemain de l’accord rendu possible par M. Poutine, le quotidien Izvestia titrait ainsi : « La Russie vient au secours d’Obama » (12 septembre 2013).

Edward-Snowden-1-5Prudemment, le président russe s’est gardé de manifester la même ironie triomphaliste que ses thuriféraires. A l’unisson de sa diplomatie, il voit dans les derniers événements un signe des temps et une occasion historique à ne surtout pas gâcher. A tel point que si M. Snowden était arrivé à Moscou en octobre 2013, après le réchauffement des relations, plutôt qu’en juillet, il n’aurait sans doute pas pu y rester.

Depuis deux ans, l’attitude de la Russie dans le conflit syrien met en lumière à la fois ses craintes et ses frustrations, mais aussi ses objectifs et ses ambitions à long terme sur la scène internationale. Dans le même temps, elle éclaire les problèmes auxquels M. Poutine fait face sur la scène intérieure.

Les deux guerres de Tchétchénie (1994-1996 et 1999-2000) ont laissé de nombreuses séquelles. Bien que les attentats et les attaques contre les forces de l’ordre n’aient plus la même ampleur et ne fassent plus autant de victimes, ils demeurent très fréquents au Caucase du Nord, et font tache d’huile, en particulier au Daghestan et en Ingouchie –même si les affrontements et crimes qu’on y observe relèvent davantage du banditisme que de la politique. Les groupes militants tchétchènes sont moins coordonnés, plus dispersés, mais toujours présents. Deux attentats sans précédent ont frappé en juillet 2012 le Tatarstan, pourtant bien loin du Caucase du Nord. Et le dirigeant clandestin tchétchène Dokou Oumarov, qui s’est proclamé émir du Caucase, a promis de frapper lors des Jeux olympiques de Sotchi, en février 2014.

A l’instar d’observateurs américains comme Gordon Hahn, chercheur au Center for Strategic and International Studies (CSIS) à Washington (3), une grande partie de la presse russe estime que plusieurs centaines de militants provenant de Russie combattent en Syrie contre le régime. Cela pourrait expliquer la poursuite des livraisons d’armes au gouvernement Al-Assad.

Pour M. Poutine et son entourage, une débâcle de l’armée syrienne ferait de ce pays une nouvelle Somalie, mais avec autrement plus d’armes, dans une région autrement dangereuse et susceptible d’offrir une base arrière aux combattants qui opèrent en Russie. Il a fallu du temps pour qu’on commence à partager ces craintes à Washington.

Pour ce qui est des enjeux de politique internationale, on a souvent réduit les objectifs russes dans le conflit syrien à la préservation de Tartous –la seule installation (plutôt que base) militaire navale de la Russie en Méditerranée– et au maintien au pouvoir de l’un de ses clients sur le marché de l’armement. Sans être totalement négligeables, ces considérations n’expliquent pas l’obstination de Moscou, qui cherche surtout à recouvrer une place et un rôle dans l’ordre international postsoviétique.

Dès 1996, avec la prise en main du ministère des affaires étrangères par l’académicien Evgueni Primakov, soit bien avant l’avènement de M. Poutine (devenu président en 2000), un consensus s’installe au sein des élites politiques. Il n’a cessé de se renforcer depuis : les Etats-Unis cherchent à empêcher la réémergence de la Russie comme puissance un tant soit peu importante. Les partisans d’une telle analyse en voient la preuve dans les élargissements successifs de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) vers les pays baltes et plusieurs pays de l’Est, et dans la volonté américaine d’y inclure la Géorgie et l’Ukraine, en violation des promesses faites à M. Mikhaïl Gorbatchev pour arracher son consentement à l’intégration de l’Allemagne unifiée dans l’organisation. Washington, affirment les diplomates russes, a cherché à laminer l’influence de leur pays jusque dans la région de ses intérêts les plus légitimes.

Pour le Kremlin, le contournement du Conseil de sécurité de l’ONU par les Etats-Unis et leurs alliés pour l’imposition de sanctions internationales et plus encore pour des guerres comme celles du Kosovo, en 1999, et de l’Irak, en 2003, constitue une façon d’éviter toute négociation sur une base obligeant Washington à une prise en compte autre que marginale des intérêts russes. Moscou exprime une aversion profonde à l’égard des opérations militaires extérieures et, pis, des changements de régime orchestrés sans l’aval du Conseil de sécurité.

En s’opposant à toute opération contre la Syrie, la Russie a constamment invoqué le précédent libyen de 2011. Elle s’était abstenue lors du vote de la résolution 1973, dont le but proclamé était de protéger les populations, mais qui a été détournée pour justifier une intervention militaire et le renversement de Mouammar Kadhafi. A cette époque, M. Dmitri Medvedev était président, et le Kremlin pariait sur un nouveau départ dans ses relations avec la Maison Blanche.

A Moscou prédomine aujourd’hui une vision essentiellement géopolitique des affaires internationales –vieille tradition en Russie. Depuis 1996, l’objectif central et officiel de la politique extérieure est de renforcer la tendance à la multipolarité dans le monde, afin de réduire graduellement l’unilatéralisme américain. Réaliste quant aux capacités actuelles et même futures de son pays, M. Poutine –comme M. Primakov avant lui– estime que la Russie a besoin de partenaires pour avancer dans cette voie multipolaire.

La Chine est ainsi devenue le premier de ses partenaires stratégiques, et celui qui pèse le plus. La concertation des deux pays au Conseil de sécurité est permanente, notamment sur le dossier syrien, tout comme elle l’a été sur ceux de l’Iran, de la Libye ou de la guerre d’Irak de 2003. Plus patient et plus confiant dans ses moyens, Pékin laisse Moscou occuper l’avant-scène dans la défense de leurs positions communes. D’où, là encore, la sacralisation par le Kremlin du Conseil de sécurité comme seul lieu légitime des arbitrages politiques internationaux.

Depuis le début de ce partenariat, les analystes occidentaux prédisent son effritement prochain, en raison des craintes des élites russes face au poids démographique et économique de la Chine. Pourtant, la coopération n’a cessé de croître, tant sur le plan économique (exportation du pétrole et des armes russes) que politique (concertation au sein de l’Organisation de coopération de Shanghaï [4]) et militaire : quasiment chaque année ont lieu des manœuvres et des exercices conjoints impliquant des forces aériennes, terrestres et navales.

Certes, il existe des zones de friction, par exemple au sujet du commerce avec les pays de l’Asie centrale postsoviétique, où la Chine a depuis 2009 dépassé la Russie. Mais Pékin y a jusqu’à présent respecté la primauté des intérêts géopolitiques de son voisin, et ne cherche pas à y implanter des bases. Il reconnaît l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) entre Moscou et la majorité des Etats de la région (5). En revanche, malgré les demandes répétées du Kremlin, qui veut une coopération entre l’OTAN et l’OTSC comme cadre de la coopération autour de l’Afghanistan, les Etats-Unis ont toujours refusé, préférant traiter séparément avec chaque Etat de tous les problèmes, comme l’installation de bases ou le passage du ravitaillement de ses troupes.

M. Poutine ne recherche pas une compétition tous azimuts avec les Etats-Unis dont il n’a de toute évidence pas les moyens. Certes, que chacun accuse l’autre d’adopter une mentalité de guerre froide peut créer de la confusion. Mais quand la Russie se réjouit des déboires internationaux de Washington, c’est plus par dépit que par esprit de revanche. Ainsi, elle ne souhaite pas une défaite des Etats-Unis en Afghanistan, ni leur retrait précipité de ce pays. Quant à l’affrontement sur le dossier syrien, il concerne d’abord et avant tout les règles du jeu international. La Russie cherche un rééquilibrage de l’ordre mondial qui ferait repartir ses relations avec les Etats-Unis et le monde euro-atlantique sur une base nouvelle ; ce qui n’empêche pas non plus une compétition féroce dans certains secteurs où elle est bien armée : elle a ainsi de grandes chances de voir son projet de gazoduc South Stream l’emporter sur le projet Nabucco, soutenu par Washington (6).

L’heure a-t-elle sonné pour le grand rééquilibrage obstinément recherché par le Kremlin ? Son ambition de retrouver un rôle autre que subalterne serait-elle en train de se réaliser ? Le succès de M. Poutine dans le dossier syrien entretient ce sentiment –ou peut-être cette illusion– que la multipolarité serait en train de s’imposer à Washington. La défection du Royaume-Uni, l’allié inconditionnel des Etats-Unis, serait un signe des temps, de même que les débats qui l’ont suivie lors du sommet du G20 à Saint-Pétersbourg, où s’est exprimée avec force une opposition à toute aventure militaire en Syrie (7). L’aversion qui s’est manifestée au Congrès américain en serait un autre.

Pour les analystes russes les plus sobres, il ne faut pas miser sur les néo- isolationnistes du Congrès, mais sur M. Obama première manière, c’est-à- dire celui qui veut non pas un désengagement américain déstabilisateur, mais un désamorçage des conflits les plus dangereux sur la base de compromis internationaux. Or les deux conflits les plus menaçants sont ceux –étroitement liés– qui concernent la Syrie et l’Iran, à la solution desquels la Russie estime pouvoir contribuer grandement.

Syria-Harem-ASL-25octobre2012-1Le rapprochement entre Washington et Moscou sur le dossier syrien a commencé bien avant le spectaculaire retournement de septembre. En mai 2013, M. Kerry avait donné son accord à son homologue russe sur le projet d’une conférence internationale consacrée à l’avenir de la Syrie, tout en continuant d’exiger le départ de M. Al-Assad. Au sommet du G8 de juin, à Lough Erne, en Irlande du Nord, une déclaration commune sur la Syrie a été retardée pour obtenir l’aval de M. Poutine. L’acceptation par M. Al-Assad de se départir de ses armes chimiques, si elle se confirme, donnera au dirigeant russe une légitimité auprès des chancelleries occidentales.

Depuis des mois déjà, Moscou insiste pour que Téhéran participe à la conférence internationale envisagée, afin qu’elle ait une chance d’aboutir. Jusqu’ici, aiguillonnés par Israël, les Etats-Unis ont refusé. C’est pourquoi la Russie s’emploie à activer le dialogue amorcé entre M. Obama et le nouveau président iranien, Hassan Rohani. Même une amorce de compromis sur le dossier nucléaire faciliterait une dynamique d’ensemble. Moscou travaille d’ailleurs à renforcer ses relations avec l’Iran, qui s’étaient dégradées après son ralliement à nombre de sanctions demandées par Washington au Conseil de sécurité en 2010. Il avait alors annulé la livraison à Téhéran de missiles de défense antiaérienne S-300.

Ce n’est pas la première fois que M. Poutine cherche à établir une relation forte avec les Etats-Unis, sur la base d’une égalité au moins relative. On l’a vu après les attaques de septembre 2001, lorsqu’il avait cru voir s’ouvrir une fenêtre d’opportunité. Sans condition préalable, il avait facilité l’installation de bases militaires américaines chez ses alliés d’Asie centrale pour la guerre d’Afghanistan. Et, pour signifier sa volonté d’aller encore plus loin dans cette détente, il avait fait fermer les dernières installations militaires soviétiques de surveillance à Cuba (peu importantes, il est vrai). Mais dans les mois qui suivirent, M. George W. Bush donna le feu vert final à l’entrée des trois républiques baltes dans l’OTAN, et annonça le retrait américain du traité de défense antibalistique, dit traité ABM, qui limitait strictement les armes de défense antimissile. L’embellie avait pris fin. M. Poutine estime qu’il est désormais possible de revenir à une coopération plus fructueuse.

Une hypothèque importante pèse cependant sur les chances d’une telle évolution ; et elle relève des affaires intérieures russes. Depuis son retour à la présidence, en 2012, dans un contexte de manifestations d’opposition populaire de grande ampleur à Moscou, M. Poutine, pour mieux asseoir son pouvoir, cultive l’antiaméricanisme comme une composante du nationalisme russe. On le voit notamment aux nouvelles lois qui obligent les organisations non gouvernementales (ONG) russes recevant des financements extérieurs, si faibles soient-ils, à se déclarer comme étant au service d’intérêts étrangers. On trouve ici une trace de sa formation au KGB, qui le porte à voir les manœuvres et influences extérieures comme la cause essentielle des problèmes intérieurs et comme des facteurs d’instabilité politique. Une aggravation ou au contraire une correction du déficit de légitimité de son pouvoir pèsera forcément sur la réalisation de ses ambitions internationales.

Jacques LÉVESQUE

 

1) Lire « Moi, président de la Bolivie, séquestré en Europe », Le Monde diplomatique, août 2013.

(2) Patrick Wintour, « John Kerry gives Syria week to hand over chemical weapons or face attack », 10 septembre 2013, www.theguardian.com

(3) Cf. « The Caucasus and Russia’s Syria policy », 26 septembre 2013, http://nationalinterest.org

(4) Organisation créée en juin 2001 et à laquelle adhèrent la Chine, le Kazakhstan, le Kirghizstan, l’Ouzbékistan, la Russie et le Tadjikistan. Parmi les Etats observateurs figurent l’Inde, l’Iran, le Pakistan.

(5) Les Etats membres sont, outre la Russie, l’Arménie, la Biélorussie, le Kazakhstan, le Kirghizstan et le Tadjikistan.

(6) South Stream est un projet de gazoduc qui relie la Russie à l’Europe en contournant l’Ukraine. Nabucco devrait relier les champs gaziers de la mer Caspienne à l’Europe.

(7) Lire Michael T. Klare, « Le grand écart de Washington », Le Monde diplomatique, octobre 2013.

http://www.interet-general.info/spip.php?article18864

Le Monde diplomatique, 30 octobre 2013

 

Suicide saoudien


Alors que l’Arabie saoudite a repris à son compte le plan qatari de renversement du régime laïque syrien, Riyad semble incapable de s’adapter au soudain recul US. Non seulement il refuse l’accord russo-américain, mais il poursuit la guerre et annonce des mesures de rétorsion pour « punir » les États-Unis. Pour Thierry Meyssan, cet entêtement équivaut à un suicide collectif de la famille des Séoud.

suicide-pendaisonLâchée par les États-Unis en Syrie, l’Arabie saoudite va t-elle se suicider à défaut de pouvoir vaincre ? C’est ce que l’on pourrait conclure des événements suivants :

Le 31 juillet 2013, le prince Bandar Ben Sultan s’est rendu en Russie où il n’a pas seulement été reçu par son homologue, le chef des services secrets, mais par le président Vladimir Poutine. Il existe deux versions de cette rencontre. Pour les Saoudiens, Bandar s’est exprimé au nom du royaume et des États-Unis. Il a proposé d’acheter pour 15 milliards de dollars d’armement russe si Moscou laissait tomber la Syrie. Pour les Russes, il s’est exprimé avec arrogance en menaçant d’envoyer des jihadistes perturber les Jeux olympiques d’hiver de Sotchi si Moscou persistait à soutenir le régime laïque de Damas, puis en cherchant à le corrompre. Quelle que soit la vérité, le président Poutine a ressenti les propos de son interlocuteur comme des insultes à la Russie.

Le 30 septembre, le prince Saoud Al-Faisal avait été inscrit à l’ordre du jour du débat général de la 68e session de l’Assemblée générale des Nations Unies, mais furieux du réchauffement des relations irano-US, le ministre saoudien des Affaires étrangères est parti sans s’excuser. Dans sa colère, il a refusé que son discours, préparé et imprimé à l’avance, soit distribué aux délégations.

Le 11 octobre, le secrétaire général adjoint des Nations Unies et ancien responsable du département d’État pour le Proche-Orient, Jeffrey Feltman, recevait une délégation libanaise. Parlant au nom de M. Ban, mais probablement plus encore au nom du président Obama, il n’a pas eu de mots assez durs pour critiquer la politique étrangère saoudienne, faite de « rancunes » et incapable de s’adapter au monde qui change.

Le 18 octobre, l’Assemblée générale des nations Unies élisait, par 176 voix sur 193, l’Arabie saoudite comme membre non-permanent du Conseil de sécurité pour deux ans à compter du 1er janvier 2014. L’ambassadeur Abdallah El-Mouallemi se félicitait de cette victoire qui reflète « l’efficacité de la politique saoudienne marquée par la modération » (sic). Cependant quelques heures plus tard, le prince Saoud Al-Faisan publiait un communiqué aux accents nassériens sur l’incapacité du Conseil de sécurité et le refus du royaume d’y siéger. Si le motif officiel principal évoqué était la question syrienne, le ministre s’offrait le luxe de dénoncer également la question palestinienne et celle des armes de destruction massive au Proche-Orient, c’est-à-dire de désigner comme ennemis de la paix à la fois l’Iran et Israël. Sachant que la critique de la politique syrienne des Nations unies est une mise en cause directe de la Russie et de la Chine, qui y firent usage par trois fois de leurs droits de veto, ce communiqué était une insulte faite à Pékin, bien que la Chine soit le principal client actuel du pétrole saoudien. Cette volte-face, qui plongea l’Organisation dans la consternation, fut néanmoins bruyamment saluée par les présidents de la Turquie et de la France qui déclarèrent partager les « frustrations » de l’Arabie saoudite sur la Syrie.

Le 21 octobre, le Wall Street Journal révélait que le prince Bandar Ben Sultan avait invité à son domicile des diplomates européens en poste à Riyad. Le chef des services secrets leur aurait narré la fureur saoudienne face au rapprochement irano-US et au retrait militaire US de Syrie. Devant ses hôtes interloqués, il aurait annoncé que le royaume allait en rétorsion retirer ses investissements d’Amérique. Revenant sur l’épisode du siège au Conseil de sécurité, le quotidien précisa que, selon le prince Bandar, le communiqué n’était pas dirigé contre Pékin, mais contre Washington ; une précision d’autant plus intéressante qu’elle ne correspond pas à la situation.

Face à l’incrédulité suscitée par ces déclarations et aux commentaires apaisants du département d’État, le prince Turki Ben Faisal expliqua à Reuters que les paroles de son ennemi personnel, Bandar, engageaient bien le royaume et que cette nouvelle politique ne serait pas remise en question. Il n’est donc plus question d’une division du pouvoir entre les deux branches rivales de la famille régnante, les Sudairi contre les Shuraim, mais bien de leur vision commune.

En résumé, l’Arabie saoudite insultait la Russie en juillet, la Chine il y a deux semaines, et maintenant les États-Unis. Le royaume annonce qu’il retirera ses investissements d’Amérique pour se tourner probablement vers la Turquie et la France, même si aucun expert ne voit comment cela serait possible. Deux explications de ce comportement sont possibles : soit Riyad feint la colère pour permettre à Washington de continuer la guerre en Syrie sans en prendre la responsabilité, soit la famille des Séoud commet un suicide politique.

La première hypothèse semble infirmée par la sortie du prince Bandar devant les ambassadeurs européens. S’il jouait en sous-main pour les États-Unis, il s’abstiendrait de venir prêcher la révolution auprès de leurs alliés.

La seconde hypothèse rappelle le comportement des chameaux, animaux fétiches des bédouins saoudiens. Ils sont réputés capables de se laisser animer durant des années par leurs rancunes et de ne pas trouver le calme avant d’avoir assouvi leur vengeance, quel qu’en soit le prix à payer.

Or, la survie de l’Arabie saoudite est en jeu depuis la nomination de John O. Brennan à la tête de la CIA, en mars 2013. Jadis en poste en Arabie, c’est un adversaire résolu du dispositif mis en place par ses prédécesseurs avec Riyad : le jihadisme international. M. Brennan considère que si ces combattants ont fait du bon boulot, jadis, en Afghanistan, en Yougoslavie et en Tchétchénie, ils sont devenus à la fois trop nombreux et ingérables. Ce qui était au départ quelques extrémistes arabes partis faire le coup de feu contre l’Armée rouge est devenu une constellation de groupes, présents du Maroc à la Chine, qui se battent en définitive bien plus pour faire triompher le modèle saoudien de société que pour vaincre les adversaires des États-Unis. Déjà, en 2001, les États-Unis avaient pensé éliminer Al-Qaïda en le rendant responsable des attentats du 11-Septembre. Cependant, avec l’assassinat officiel d’Oussama Ben Laden, en mai 2011, ils avaient décidé de réhabiliter ce système et en firent très grand usage en Libye et en Syrie. Jamais sans Al-Qaïda, Mouamar el-Kadhafi aurait pu être renversé comme l’atteste aujourd’hui la présence d’Abdelhakim Belhaj, ex-numéro 2 de l’organisation, comme gouverneur militaire de Tripoli. Quoi qu’il en soit, aux yeux de John O. Brennan, le jihadisme international devrait être ramené à de faibles proportions et n’être conservé que comme force d’appoint de la CIA en certaines occasions.

Le jihadisme est non seulement la seule force effective de l’Arabie saoudite, dont l’armée est divisée en deux unités obéissant aux deux clans de la famille des Séoud, mais c’est aussi son unique raison d’être. Washington n’a plus besoin du royaume pour se fournir en hydrocarbures, ni pour plaider la cause de la paix avec Israël. D’où le retour au Pentagone du vieux plan néoconservateur : « Jeter les Séoud hors d’Arabie », selon le titre d’un Powerpoint projeté en juillet 2002 devant le Conseil politique du département de la Défense. Ce projet prévoit le démantèlement du pays en cinq zones distinctes, dont trois sont appelées à former des États indépendants les uns des autres et deux devraient être rattachés à d’autres États.

En choisissant l’épreuve de force avec les États-Unis, la famille des Séoud ne leur donne pas le choix. Il est improbable que Washington se laisse dicter sa conduite par quelques bédouins fortunés, mais prévisible qu’il va les remettre au pas. En 1975, ils n’hésitèrent pas à faire assassiner le roi Faysal. Cette fois, ils devraient être plus radicaux encore.